Les tentatives de faire du cinéma fantastique en France n'ont jamais vraiment été un succès, si ce n'est pour quelques exceptions forcément remarquées. Adapter des séries cultes au cinéma non plus d'ailleurs. Alors adapter des séries fantastiques pour le grand écran français relèverait presque du suicide. Mais le producteur Alain Sarde n'a peur de rien : il adapte en 2001 le feuilleton Belphégor ou le Fantôme du Louvre, qui a hanté les Français dans les années 60, lui-même adapté de la série de romans d'Arthur Bernède.
Réactualisée dans les années 2000 et nantie d'un sacré budget, l'adaptation se classe malheureusement parmi les pires dans sa catégorie... L'idée était très bonne, surtout dans en cette époque où les films de momies n'effrayaient plus personne. Confier le projet à Jean-Paul Salomé, réalisateur des comédies Les Braqueuses et Restons groupés, ne l'était pas. Le metteur en scène arrive à obtenir un casting de luxe (Sophie Marceau, Michel Serrault, Julie Christie), une photographie éclatante et arrive même à tourner au sein-même du Louvre, une première dans le monde du cinéma, le musée ayant été par ailleurs récemment restauré.
Seulement voilà, Salomé possède une histoire intéressante mais qui reste peuplée de dialogues débiles, de situations parfois grotesques, de personnages inconsistants et surtout n'arrive jamais à créer une quelconque atmosphère. Zéro suspense, zéro frisson, zéro tension. On surnage dans le contrefait ennuyeux où la prévisibilité côtoie le n'importe quoi. Des flashbacks ratés, un rythme en dents de scie, das apparitions fantomatiques grotesques agrémentées d'effets spéciaux écœurants... Salomé n'est clairement pas l'homme de la situation, le réalisateur semblant bâcler son métrage, alternant entre film fantastique à l'Américaine et téléfilm franchouillard.
De plus, faire de l'histoire de Bélphégor un véritable film fantastique rend le tout inégal voire parfois grotesque. Reste quelques bons passages, les répliques cinglantes d'un Michel Serrault toujours aussi impérial et des décors franchement imposants mais dans l'ensemble, Belphégor reste une impressionnante déception, surtout quand on connaissait le potentiel d'une telle adaptation. Un peu plus de sérieux et de savoir-faire dans sa mise en scène aurait certainement permis d'obtenir un brillant film du genre.