My Beautiful Boy
La veille de Noël, un adolescent parti depuis plusieurs mois en cure de désintox réapparaît soudain devant la maison familiale. Tel est le pitch de "Ben is Back", qui comprend deux parties bien...
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le 7 janv. 2022
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Comment transformer un potentiel chef-d’œuvre en nanar intersidéral ? Démonstration du Professore avec Ben is Back de Peter Hedges.
On peut spoiler Ben is Back car vous n’irez pas, évidemment, le voir. Holly Burns (Julia Roberts), mère de famille bourgeoise, amène ses enfants à l’ultime répétition de la chorale de Noël. Dans le même temps, un jeune en capuche semble vouloir s’introduire dans une belle maison. Evidemment, ces histoires vont se connecter. Rentrant de la chorale, Holly tombe sur le jeune homme, qui n’est autre que son fils Ben (Lucas Hedges). Si elle se jette dans ses bras, l’enthousiasme ne semble pas partagé par le reste de la famille, à commencer par Ivy, la petite sœur (Kathryn Newton). On comprend que Ben a fait quelque chose de terrible.
C’est le début, formidablement bien fait, de Ben is Back. L’ambiguïté, l’inquiétude que cette introduction engendre dans l’esprit du spectateur est passionnante. Drogue ? Viol ? Pédophilie ? Toutes les hypothèses enfièvrent le cerveau du spectateur. Mais c’est là que ça se gâte.
Car on pourrait faire plusieurs films sur cette base : un beau film indépendant sur la difficile réinsertion des héroïnomanes et, ou un thriller pur, sur le retour du méchant mouton noir. De très bons films s’y sont essayés Un Mauvais Fils, ou plus récemment Bloodline, qui commence pareil. Mais là, tout rate. Et pour d’évidentes raisons. Démonstration en 9 leçons.
Il ne suffit pas de prendre une des plus grandes comédiennes de sa génération, dans un rôle taillée pour elle. Il faut aussi la diriger. Or, on a trop souvent l’impression qu’elle surjoue.
Le film est à l’évidence une tragédie, mais l’abattage de la Roberts, les vannes pointues et la langue bien pendue qui ont fait le succès de l’actrice fait tourner parfois Ben is Back à la comédie. Mauvaise idée.
Ben fait peur. C'est le grand succès des dix premières minutes. Il a fait beaucoup de mal à sa famille en volant, et à toute la communauté en dealant et en initiant d’autres adolescents à la drogue. Pas la peine de lui trouver une excuse (Ben a été rendu accro aux opioïdes par un médecin peu précautionneux*).
Un méchant de comédie apparait au mitan du film, décrédibilisant encore plus Ben is Back : le dealer. Celui-ci, apprenant son retour en ville, l’oblige à livrer de la drogue en échange du chien de la famille, qu'il tuera en cas d’échec (sic). La drogue est une chose trop sérieuse pour raconter ce genre de bêtises qui ridiculisent le propos. On n’est pas dans Maman j'ai Raté l’Avion. (Voir point 2. Changer de genre)
En dehors de la star Julia Roberts, de très bons acteurs peuplent Ben is Back : Courtney B. Vance, Kathryn Newton. Ils ont fait leurs preuves dans OJ Simpson, ou Mad Men. Leur simple présence de beau-père, de sœur, permettrait un contrepoint indispensable pour la compréhension du sujet. Mais ils sont cantonnés à quelques mimiques ridicules de fond de tableau.
Dès que la mère d’une ancienne junkie donne le kit de réanimation, un panneau indicateur s’affiche dans la tête du spectateur : « ça va servir plus tard !! »
On a l’impression que rien n’a été filmé sur le sujet depuis L’Homme au Bras d’Or. Les junkies - à l’exception notable de Spider (David Zaldivar) - sont assez ridicules.
Donner un rôle trop évident à sa comédienne.
Julia Roberts a enchaîné les rôles de Mère-Courage-Mais-Autoritaire-Quand-Même-Avec-Toutefois-Un-Zeste-De-Drôlerie. De Potins de Femmes à Ma Meilleure Ennemie, en passant par Erin Brockovich, c'est sa marque de fabrique. Si on lui redonne ce rôle, il faut absolument lui faire faire quelque chose de différent. Or elle est tout à fait prévisible de bout en bout.
Créer une diversion inutile
Le couple Burns, normal et sans histoire, est mixte. C’est un couple recomposé, puisque le père de Burns a disparu. Pour autant, un couple interracial, ce n’est pas neutre aux États-Unis - ni ailleurs d’ailleurs. Il se crée dans l’esprit du spectateur une forme d’interrogation, avec la disparition du père de Ben, qui n'est jamais résolue. Or ce mystère parasite notre réflexion. Encore une idée qui ne sert à rien dans le film.
CQFD.
*Ce sujet, qui obsède en ce moment l’Amérique, est un film en soi.
Créée
le 10 févr. 2019
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