Marabouts d'ficelles

La période des fêtes de fin d'année est toujours propice à la diffusion de films ou de téléfilms inoffensifs, dont le but est de permettre à leur spectateur de cuver ou de se remettre en douceur du repas familial inondé de plats aussi généreux que goûteux. Ces films peuvent ainsi se suivre d'un oeil distrait, entre deux ronflements d'un Tonton Barnabé avachi, ou encore confortablement installé dans le canapé moelleux, un de ses cadeaux déballé sur les genoux. Benjamin Gates, c'est l'archétype même de ce genre de métrages, sans identité propre, sans âme, à la réalisation anonyme et passe partout.

S'il est certain que cet Indiana Jones Canada Dry et techno ne restera pas dans les mémoires, comme lors de sa sortie au cinéma, il s'en dégage pourtant, non pas un charme, mais un petit quelque chose indéfinissable qui fait que, malgré les défauts, cela se suit sans mal et sans déplaisir. C'est cependant loin d'être original, puisque cette suite joue sur exactement le même registre que, au hasard, La Légende de Zorro, avec son couple vedette en crise. Sauf que, dans Benjamin Gates, le rôle du môme est joué par un Justin Bartha toujours aussi transparent. On fait aussi intervenir les parents du héros, comme dans Mon Beau-Père, Mes Parents et Moi, et qui sont interprétés par des grosses pointures qui avaient certainement des cadeaux de Noël de dernière minute à faire.

Mais ce jeu de marabouts d'ficelles, inscrit dans une course aux indices, exactement comme dans le premier volet, est assez enlevé et rocambolesque pour intéresser et faire qu'on ait un peu envie de connaître la fin de l'aventure. Et entre les indices, Jon Turteltaub glisse quelques scènes d'action d'assez bonne facture, même si elles sont loin d'être inédites. Comme ce scénario, toujours articulé autour de petits cours sur l'histoire encore jeune des Etats-Unis et de leur culture, mélangeant dans un grand désordre secrets d'état, conspiration et civilisations précolombiennes.

Nicolas Cage y présente sa nouvelle moumoutte cheveux plaqués et cabotine à l'envi au détour de quelques scènes, les mêmes où Diane Kruger se montre parfois assez outrée et nouille. Justin Bartha, quant à lui, ne fait que passer. Mais peu importe, Benjamin Gates et Le Livre des Secrets fait suffisamment illusion dans sa facture pour contenter toute la famille qui se retrouvera devant une aventure calibrée et tous publics. L'idéal pour se remettre en douceur des fêtes de fin d'année... Et pour rire un peu en surprenant l'ami Guillaume Gallienne, de la Comédie Françaaaiiise madame, se compromettre, au cours d'une séquence parisienne, dans le rôle d'un flic crétin et ridicule. Il ne s'en était pas vanté, de celle-là, le coquin...

Mais il n'y a pas de petit plaisir...

Behind_the_Mask, qui a fêté Noël comme il se doit.