Bent
6.8
Bent

Film de Sean Mathias (1997)

Aussi improbable que cela puisse paraître, Sir Ian McKellen, Clive Owen, Sir Mick Jagger, Nikolaj "Jaime Lannister" Coster-Waldau, Rachel Weisz et même Jude Law (que je n'ai même pas eu le temps de reconnaître !) sont réunis à l'affiche. Moi qui n'avais pas vu la tête du casting avant d'entamer le visionnage du film de Sean Mathias, j'aime autant vous dire qu'à mesure que j'avançais et m'exclamais "tiens mais c'est...", mes attentes n'ont cessé de croître.

"Bent". Avec un tel titre et de tels thèmes, Sean Mathias vise la lune, ça ne lui fait pas peur. Mais même à l'usure, en y croyant encore et au coeur, il aura bien du mal à embarquer le spectateur. Mince alors, j'ai une sensation de déjà-entendu, c'est juste moi ou bien...*

Sur le papier pourtant, évoquer l'évolution de la condition des homosexuels dans les années 30-40 dans un contexte de Seconde Guerre Mondiale était plutôt alléchant. Pour se faire, le réalisateur s'attaque à l'adaptation cinématographique d'une pièce de théâtre britannique de Martin Sherman sortie en 1979. "Bent" le film sera produit par Channel Four et Philip Glass himself s'occupera de la bande son (un peu lourdingue et répétitive d'ailleurs, je dois bien l'admettre, mais moi et les violons en même temps...). Reste le superbe "Streets of Berlin" par le leader des Rolling Stones **, c'est déjà bien.

Dans la pièce originale, c'est McKellen qui tient le rôle principal. Richard Gere, qui a aussi incarné Max dans la version Broadway, était pressenti pour reprendre du service devant la caméra, mais fut contraint de refuser car déjà sur d'autres tournages. C'est ainsi que Clive Owen obtint le rôle. Et là, j'entends de grands "ouf" de soulagement. Non ? Au pire, je n'entends que le mien alors, j'y peux rien, c'est physique ! Mais même sans Gere, le résultat n'est pas vraiment à la hauteur des ambitions affichées. Le jeu des acteurs est très appuyé, je ne sais pas si c'est lié à l'héritage théâtral du script, mais cela m'a perturbé à plusieurs reprises.

La première partie montre un monde particulièrement débauché, travesti, et vire bien souvent à la caricature (tout du moins je l'espère !). L'argument de vente pour les spectateurs, Mesdames (et/ou Messieurs) qui ne seraient pas insensibles aux charmes de Clive ou même de Nikolaj Coster, c'est qu'on les voit à poil la moitié du temps ! Mais très rapidement, la question que l'on se pose, c'est: "Where is Waldau ?".

La suite, c'est de la romance, de la torture (pléonasme ?), de la sensibilité, de l'instinct de survie, du dépaysement à Dachau, de l'amour et du glamour en somme. A cet effet, la jaquette du film est trompeuse, car malgré la ressemblance, non, le jeune homme au crâne rasé n’est pas le Dominic Purcell de Prison Break, et non, "Bent" ne nous narre donc pas une quelconque tentative d’évasion de Clive Owen avec l’aide de son frère tatoué et gay.

En résumé, "Bent" ne traite pas forcément très bien son sujet, mais il a le mérite de constituer un très bon film pour marquer la Saint-Valentin !


* http://www.youtube.com/watch?v=D38EUIll1pM

** http://www.youtube.com/watch?v=qmtR3hTX168 (attention au risque de spoil, la vidéo contient des scènes tirées du film)
Gothic
5
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le 15 févr. 2014

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Gothic

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