Des sushis, de l'obsession, du kawaï, des flamands, le japon, et de la solitude.
Ce court métrage m'a été envoyé par un compatriote français désireux de me faire une pique sur le pays où je faisais mes études, dans un petit message sous-titré "LA BELGIQUE". Je ne savais donc pas du tout dans quoi je m'engageait en le regardant.
Pour un synopsis sommaire : Yvonne, charmante épouse, vit dans un univers de pop culture japonaise dans lequel elle semble puiser sérénité, bonheur, et joie de vivre. De la à dire qu'elle fuit la vraie vie pour partir dans son univers bien à elle, il n'y a qu'un pas ; tous les matins, elle se lève, dit bonjours à son robot-kawai de compagnie, puis prépare un petit déjeuner nippon à son conjoint, le sémillant Franck. Après le petit déjeuner, elle lui apporte une boite à repas dans un joli tissu : un "bento". Hélas, Franck, qui ne communique plus des masses avec sa femme, n'aime pas la nourriture japonaise et déverse chaque jour le repas dans la benne à ordure. Histoire de compléter le tableau, le brave homme s'avère d'avantage attiré par son jeune collègue que par l'étrange créature nippone que semble être devenue sa femme.
Des le départ, on est en terrain connu, et si quelqu'un n'a pas deviné à peu près la fin du film, il est bien le seul : le film sait où il veut aller, nous aussi, et le réalisateur à bien compris comment employer chacune de ses images. Que ce soit d'un point de vue visuel, et SURTOUT sonore, le film sait bien ce qu'il va susciter chez nous, et l'exploite de façon quasi académique. Certain(e)s pourront dès lors reprocher au film d'être très "classique dans ce qu'il fait"...
Néanmoins, j'ai pour ma part grandement apprécié les 24 minutes que j'ai passé en compagne d'Yvonne, de Franck, et de Gunther ; chaque personnage campe très bien son rôle et garde une crédibilité certaine dans cet univers étrange et presque distordu : car c'est bien de l'univers fragile d'Yvonne dont il est question, un univers vacillant et illusoire dans lequel elle seule peut vivre, fuyant sa solitude par les obsessions qui lui permettent de croire qu'elle contrôle sa vie.
Après tout, combien de gens, au fond d'eux, ne sont-ils pas des "Yvonne" ?
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