Impressionnisme et défauts impressionnants
"Berthe Morisot" en quelques mots : une jeune femme peintre rencontre Edouard Manet, ce qui va bouleverser sa vie.
Avant d'exposer en quoi ce film m'a déplu, je vais commencer par lui concéder certaines qualités : l'aspect historique est bien réalisé (costumes, décors, bien que ces derniers soient peu variés) ; les musiques sont globalement correctes ; il semble y avoir eu un effort de documentation sur la vie de Berthe Morisot. Mais le film souffre de nombreux défauts.
Pour un film qui cherche un certain réalisme, les répliques sont peu naturelles. Le jeu des acteurs, correct mais sans plus, n'améliorant en rien la chose. Certains dialogues sont à la limite de l'audible à cause de la tendance au chuchotement qu'ont les personnages. D'autre part, une trop grande importance semble avoir été accordée aux silences : ceux-ci, au lieu d'ajouter à la profondeur des propos, accentuent la dimension artificielle. Et c'est justement cette artificialité qui fait que l'émotion a du mal à passer au spectateur.
Le scénario, comme nombre de films biographiques, n'a pas d'intrigue réelle, si ce n'est un vague "Comment va évoluer le personnage de Berthe Morisot ?". On ne sait pas où va le film, ce qui est assez frustrant. Les personnages sont crédibles sans qu'on ait vraiment de la compassion où de l'intérêt pour eux. Par exemple, l'héroïne m'a laissé la même impression qu'Emma Bovary : une femme soupe au lait qui ne semble jamais profiter de l'instant présent. Quant à la fin du film, on peut dire qu'elle est en queue de poisson.
En termes de qualité cinématographique, "Berthe Morisot" reste dans les convenances, quitte à tomber dans le cliché. Les prises sont en effet convenues, certains plans m'ont même fait rire par leur maladresse (des zooms se voulant dramatiques notamment). Pas de grande originalité de ce côté-là, donc.
En conclusion, "Berthe Morisot" est un film à petit budget sans prétention, souvent maladroit, même si son intention de base n'était pas mauvaise. Je ne blâme pas les biopics en général. Néanmoins, si vous en voulez un qui vaille la peine, retranchez-vous plutôt sur "Beaumarchais l'insolent", d'Edouard Molinaro.