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Honnêtement, je me fiche de la carrière de Robbie Williams. Ce qui m'a surtout donné envie d'aller voir ce film, c'est la curiosité de découvrir le résultat d'une tentative aussi audacieuse : réaliser un biopic à travers les traits et le corps d'un singe, avec la voix de Robbie Williams en arrière-plan.

Son enfance, ses débuts chaotiques, puis une ascension fulgurante. Cet animal de cirque, vif et indompté, qui rêve de gloire, cherchant peut-être à prouver à son père, Peter (Steve Pemberton), aux rêves brisés, qu'il peut le faire. Une mère, Janet (Kate Mulvany), et une grand-mère, Belly (Alison Steadman), qu'il chérit plus que tout, auxquelles il souhaite offrir en cadeau les éclairs de son succès qu'elles méritent tellement.

Eh bien, je peux dire que le pari est réussi malgré tout. Un coup marketing, une absurdité… Reste que le film fonctionne. Michael Gracey semblait être le cinéaste destiné à réaliser un tel film, par sa maîtrise de la production musicale, des effets visuels et des images de synthèse, qui s'accordent remarquablement au travail de Robbie Williams.

Better Man se démarque des autres biopics par son côté morveux et surréaliste. Un réalisme magique, mêlant de façon spectaculaire chanson et danseurs qui partent dans tous les sens, notamment sur le titre Rock DJ. Des chorégraphies euphoriques, des séquences fulgurantes qui captivent et retranscrivent assez bien cette atmosphère pop des années 90 et 2000.

Mais aussi cette approche émotionnelle brute, qui se lit dans le regard du singe, puissant, à la fois marqué par une ambition dévorante et la peur du vide, ainsi qu'une quête d'amour et une solitude écrasante.

Robbie Williams est un showman. À ses débuts avec Take That, il montre qu'il sait danser, chanter, se contorsionner, tel un animal bien dressé, donnant au public le spectacle qu'il attend.

Mais sous les lumières éclatantes de sa réussite vertigineuse se dessinent la chute et ses excès : l'alcool, la drogue, les femmes. Une jolie cage dorée qui se referme, qui lui échappe, lui qui désirait tant fuir ce décor gris qui l'a vu naître.

Le singe devient alors très vite incontrôlable, auprès du groupe, auprès de ses amis. Des hauts, puis des bas, quand ces jours laissent place à des nuits brûlantes, où les feux des projecteurs nourrissent ses excès.

La figure du singe, si proche de l'homme, turbulent et tragique, illustre une nature devenant de plus en plus vorace. Insaisissable, oscillant entre rejet et dépendance à l'acclamation qu'il n'a cessé d'attendre.

Tout explose dans sa tête. Entre ces concerts grandioses, ces délires et ces instants de vérité, lorsqu'il voit disparaître, puis réapparaître son père à l'ombre de sa gloire. La dualité autodestructrice du sale gosse et de l'individu en quête de sens. Le besoin d'être aimé et le rejet des contraintes.

Maintenant qu'il touche le fond, c'est le début d'une carrière solo. Un nouveau départ, doux et violent, avec encore cette soif de reconnaissance, essentielle à sa vie.

Better Man est un film très personnel, où, derrière le masque, se cachent ses failles, sans jamais les glorifier ni les approuver. Un film qui suit les différentes étapes de sa carrière, avec une vision lucide sur ses motivations et ses dérives. Honnête dans toutes ses controverses. Une réflexion intéressante sur la célébrité qui façonne et qui détruit. Perdre pied, se relever, sans jamais vraiment saisir les racines de son histoire.

Après je ne sais pas si c'est un homme meilleur, mais ce film offre à voir une sacrée thérapie entre ce singe et Robbie Williams.