La principale ânerie que l’on doit supporter à la sortie de la salle de projection est l’affirmation selon laquelle Better Man est un film « comme » Robbie Williams ou « à son image ». Il y a là confusion, en ce que Better Man ne saurait trouver une quelconque réflexion mais, au contraire, que le film est Robbie Williams tout entier. Ce constat suppose l’absence de distances par le biais de tiers – cinéaste, scénaristes compétents – au profit d’un récit conçu telle une thérapie pour son artiste torturé et tortionnaire : le singe, parti pris publicitaire, ne parvient jamais à revêtir un caractère universel pourtant nécessaire à l’art qui ne saurait exister sans interroger sa réception auprès du spectateur. Nous sommes ainsi réduits au rôle d’un miroir renvoyant une lumière d’autant plus factice qu’elle ne naît pas de la noirceur, intentions et prétentions répétées ad nauseam – non, Robbie Williams n’est pas une « fleur du Mal » –, mais des feux d’artifice tirés par une mise en scène emphatique et hideuse qui célèbre l’autoflagellation à des fins fétichistes.
N’oublions pas que le réalisateur, Michael Gracey, déformait honteusement la réalité historique de sorte à non pas réhabiliter mais, pire encore, à déshistoriciser P. T. Barnum, le réduisant au « showman » augmenté par hyperbole. Les procédés sont identiques : une saturation visuelle et sonore, le recours aux bons sentiments en clausule avec une grand-mère exploitée sans vergogne comme les freaks des spectacles de foire. C’est cette négation de l’Histoire et cette atrophie de l’humain, dont on ne cesse de nier la complexité en lui substituant une lisibilité grotesque, qui font du long métrage une démonstration de misanthropie démesurée, originalité qui ne saurait devenir qualité.