Le Beuzou sur la bouche

Il y a toujours une boule au ventre lorsque l'on vient à voir un film qu'on a beaucoup attendu car il y a la peur d'être déçu. Beurk ! est un film que j'ai beaucoup attendu en ce début d'année, et a été la principal raison pour laquelle j'ai acheté ma place pour aller voir la compétition +7 au Ciné Junior du Val de Marne. C'était un de mes favoris pour le prix du public de la compétition 7+ (qu'il a remporté), et de tous les courts métrages, c'est celui que je pense avoir préféré et qui a reçu mon vote (j'ai beaucoup hésité avec Harvey n'empêche).

A travers un pitch très simple, cachant des problématiques et des pièges assez casse gueule que le réalisateur réussit à s'affranchir haut la main, le film propose un propos tendre et intelligent sur la manière dont on peut être accepté (ou non) en société. La question de la sexualité chez les enfants étant une question tabou, tout comme la question du bisous et des multiples façons d'interpréter ce que peut être un baisé à une ère post MeToo, il est remarquable et troublant de voir à quel point le film arrive à répondre à toutes les problématiques qu'il soulève, et à nous les faire oublier pour pleinement se focaliser sur la trame narrative, le tout avec une flegme et une facilité déconcertantes, voire insolentes. Le bisous devient un connecteur sociale et une vrai arme pour trouver une personnalité, une intimité, et un moment de plaisir. On est donc amené à confronter des enfants face à l'apprentissage de cette pratique, comment celle-ci peut-être tabou même dans le monde des adultes (sans trop tomber dans les sujets lourds du mouvement MeToo, sans trop spoiler, on va aborder brièvement des thématiques queer avec beaucoup de pudeur et de pertinence). Le cadre même de la série est génial car quoi de mieux qu'un camp de vacance pour découvrir les bisous avec les amourettes de vacances. Plus on creuse le film, plus on est émerveillé par les idées brillantes, que ce soit scénaristiquement ou en pure terme de mise en scène.

Les graphismes sont extrêmement beau et rendent un doux hommage aux dessin animés de la période Toowam sur France 3 qui pouvaient aborder ces questionnements et traiter cela avec la même forme de légèreté (je pense notamment à la série Titeuf) voire même en y insufflant de la fantaisie (qui pourra rappeler Code Lyoko ou même W.I.T.C.H dans leurs côté "transformation physique et rétablissement d'un équilibre" à travers une forme de magie et de fantaisie). Mais plus que les graphismes, c'est toute la mise en scène qui démontre une réappropriation de ces codes pour une réactualisation de ce style cartoon 2000, et non pas une simple copie, la scène de fin est un excellent exemple de cela. Sans spoiler le moment que tout le monde veut voir, c'est malin, drôle, poétique... juste parfait. Si je devais émettre des réserves, cela serait peu être dans une phase un peu courte et pas nécessairement parlante évoquant le "côté sombre du bisous" qui, pour ne pas spoiler, fait un peu pathos et pas très fin pour ce que cela apporte. C'est comme l'élément de résolution du film qui,Ça a le mérite de surprendre et d'être efficace dans le côté surprenant de la chose, surtout que cela s'inscrit dans la mouvance des dessins animés jeunesse de la période où l'on partait souvent gaiment dans ce genre d'excès, mais sans doute que le ton un peu trop premier degrés de la scène gâche le moment. Cela relève surtout du pinaillage car le court métrage est vraiment grandiose, sans doute que le film va faire parler de lui dans l'année, et ce serait grandement mérité.

17,5/20

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