Le tombeau d'un genre.

Il fallait oser : tenter une approche du teen movie par un biais presque mythologique, vu par un réalisateur de seulement 22 ans ! Pour ce faire, il propose pas moins de 200 films, qui vont de la fin des années 1990 au milieu des années 2000, et chapitre son documentaire, qui va de l'entrée au lycée jusqu'à la remise des diplômes, qui signifie aussi l'âge adulte.

Les films sont classés par diverses thématiques, la recherche de soi, le sexe, l'amitié, la peur de l'avenir, et il faut dire que cette vision des teen movies est fortement pertinente, car les extraits proposés donnent quand même une vision commune, et je dirais même une esthétique qui se ressemble. A travers ces extraits, le réalisateur, Charlie Lyne, parle aussi de son époque. Pas par des anecdotes ou des interviews, mais Beyond Clueless est entièrement constitué de petits bouts, certains très courts, ou par exemple 30 ans sinon rien est un film sur la peur de grandir. Jeepers Creepers une métaphore de l'ambivalence sexuelle, Bubble boy une envie de se dépasser pour une fille et ainsi de suite...
Le teen movie est un genre qui m'intéresse car il se trouve que j'avais l'age qu'il fallait pour voir par exemple American Pie, car j'avais aussi 18 ans en 1999. Mais ça peut être aussi Road Trip, La main qui tue, The faculty.... Alors, certes, Charlie Lyne triche un peu car il parle aussi de films qui ne sont pas vraiment des teen movies, comme par exemple Destination finale, mais il en extrait quelque chose qui se rapproche du genre, tout comme Spider-man, de Sam Raimi, qui clôt le documentaire, et qui représente le film idéal montrant à la fois la remise des diplômes, et l'après, c'est-à-dire la vie d'adulte.

Mais il faut dire que le travail de montage est impressionnant, avec aussi une musique signée Summer Camp et la narratrice qui est Fairuza Balk, une des actrices de The craft, qu'on voit aussi dans le documentaire. En parlant de montage, il propose par exemple une scène de sexe tirée de pleins de films, du début à l'orgasme, ou une masturbation (féminine et masculine) là aussi avec beaucoup d'extraits. Je n'ose pas imaginer tous les films qu'a du voir le réalisateur pour faire ce travail de montage...

Je dirais même que Beyond Clueless est en quelque sorte le terminus, la pierre tombale d'un épiphénomène qui n'a duré en fin de compte que quelques années, qui vieillira sans doute très mal avec le temps, mais qui est mine de rien un regard nostalgique. Ce qui est curieux, étant donné le très jeune âge du réalisateur au moment de faire ce documentaire.
Mais il m'a passionné aussi parce qu'il m'a rappelé des tas de souvenirs, car j'ai vu énormément de ces films, ça ressasse des souvenirs, mais le fait est là ; le teen movie tel qu'on le connaissait à cette époque-là n'existe plus. Et ne reviendra peut-être jamais, car très rares sont ceux qui sortent encore au cinéma ces dernières années...