On dit souvent que l’on est le héros de notre propre histoire mais nous sommes également des personnages essentiels des histoires des autres. C’est ce qu’essaie maladroitement de dire Beyond Lies. James Franco y joue un écrivain mythomane sur les bords, Stephen, dont les écrits racontent son enfance tourmentée. Tout semble lui sourire professionnellement jusqu’à ce que son père, qu’il écrivait mort, surgisse en plein milieu d’une séance de présentation de son nouveau bouquin. Jusqu’à maintenant Stephen racontait que son père l’avait battu et était devenu violent depuis que sa mère était morte, une histoire qui lui avait valu beaucoup de compassion auprès de ses lecteurs. Sauf qu’avec la réapparition de son père, les doutes quant à la sincérité de ses ouvrages se font vite ressentir. Dans le même temps, il est intéressé par le procès d’un père de famille qu’il estime non coupable, une histoire qui lui semble lié à celle de son père. Il l’utilisera ensuite, presque inconsciemment, pour remettre de l’ordre dans sa vie et se réconcilier avec son passé.
Il s’agit assez simplement d’un homme qui vit encore dans le passé. Tourmenté par des événements de sa jeunesse qu’il n’a jamais eu l’occasion de clarifier, il cherche à s’en défaire à travers l’écriture et à constamment rejeter la faute dessus. Le charisme de James Franco et de Ed Harris forgent le travail de fond des personnages. Leur relation est émouvante et montre un conflit familial rempli de mauvais choix nés de l’incapacité à gérer sa vie quand la femme de leur vie n’est plus là pour les guider. Le père et le fils essaient tant bien que mal de se protéger mutuellement, de veiller l’un sur l’autre, mais sans leur lueur d’amour pour approuver ou non leurs actes. Chacun exprime donc d’une manière ou d’une autre son désespoir et la perte de repère dont ils font preuve sans la mère de famille à leur côté. Les actes de l’un n’étant jamais compris correctement par l’autre, Beyond Lies développe une histoire sincère d’un père et son fils qui, dans le but de se protéger mutuellement vont progressivement se détruire.
La grande force émotionnelle de ce récit réside dans le caractère sociologique et psychologique de Stephen. C’est une personne relativement banale si l’on excepte sa propension au mensonge et son attrait pour certaines pratiques sexuelles développées pour combler cette frustration sentimentale qui le ronge. Il s’agit donc de décrypter tout au long du récit cet homme, ses démons, lui donner les chances qu’il essaie de saisir afin de se repentir. Le scénario est plutôt bien construit et le film assez court dont la mise en scène relève de manière bien pensée les quelques interrogations concernant le protagoniste principale en mettant l’accent sur la confiance des personnages et la véracité des propos du héros. C’est en revanche fort malheureux qu’une histoire au fond si intéressant propose une mise en scène à ce point divisée. Si celle-ci est plus qu’acceptable lorsqu’il s’agit d’appréhender la psychologie du personnage principal, elle est bien pauvre lorsqu’elle aborde les autres intrigues. Que ce soit celle du père ou de sa petite amie, non seulement la mise en scène est banale, mais surtout les dialogues sont extrêmement hasardeux, en particulier ceux avec sa petite amie, qui apparaît d’ailleurs presque comme un Deus Ex Machina dès le début du film.
Sans grande surprise, Beyond Lies est un film qui se laisse regarder mais qui ne retiendra pas l’attention bien longtemps malgré un casting attrayant. L’histoire est profonde mais la forme n’est qu’à moitié convaincante quand les dialogues sont parfois approximatifs. Il en demeure un long métrage agréable à visionner et aucune prise de tête en conséquence.
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