Nous retrouvons ici, après sogni d'oro, le professeur Michele Apicella, alter ego de Moretti lui-même, personnage insupportable et attachant, fasciné par les chaussures, les sacher torte, la vie des autres. La mise en scène reflète la personnalité du personnage central pour qui autrui est accessoire. La caméra se fait observatrice des obsessions de Michele et analyse par son point de vue, les absurdités, les failles et les faillites de son entourage qu'il décortique pour découvrir, enfin, la personne idoine, ami.e ou partenaire, qui saura le rendre heureux. Les meurtres (et donc l'intrigue) sont ici accessoires. Les victimes décèdent sans arme, sans violence. Elles sortent simplement de la vie de Moretti puisqu'il.elles l'ont déçu. Le commissaire se fait alors psychanalyste des tourments de l'enseignant qui, au passage, n'enseigne rien et, au contraire, apprend toujours de ses élèves jusqu'à les suivre chez eux pour un dîner où il s'impose, donnant au passage la scène la plus jubilatoire du film. On pense parfois à Rohmer ou à Woody Allen mais Nanni Moretti est unique. Son film est efficace et plaisant. Laura Morante est sublime, parfaite en contrepoint stable d'un Moretti flippant comme jamais à se mêler de la vie des autres pour donner aux plus méritant.e son amour absolu mais tous les films de Moretti me font le même effet : C'est toujours agréable, souvent bien, parfois très bien mais jamais génial à regarder ; cela dit, si vous tombez dessus, n'hésitez pas une seule seconde !