avr 2012:

Hé bé, en voilà un sur lequel je n'aurais pas misé un kopeck. A entendre les quolibets qui ont suivi à la sortie de ce film, je n'aurais jamais cru que je sourirais. Son échec relatif pouvait faire craindre un certain ennui, or il n'en a rien été.

Certes, il ne s'agit en aucun cas d'un grand film, il use souvent de grosses ficelles et autres expédients émotionnels (le petit nenfant muet depuis qu'il a plus sa papounet) et humoristiques (comique vaudeville ordinaire), mais de là à en faire une bouse, il y a une marge que je ne sauterai pas.

Certes (II, le retour), il est nécessaire d'aimer les acteurs. Il y en a deux ou trois que j'apprécie énormément et qui m'ont permis de ne pas m'ennuyer. Nécessaire, vital même.

Tous ces éléments restrictifs mis bout à bout n'encouragent guère. Pourtant, je répète, j'ai passé un bon moment. J'ai particulièrement bien marché.

Bon public, j'ai une nouvelle fois aimé ce sempiternel con que joue Franck Dubosc. Il y a quelque chose chez ce comédien de moins étroit qu'on voudrait le penser. J'ai déjà écrit ailleurs ("...") toute la poésie que je croyais y déceler.

Encore une fois, j'ai le sentiment que le comédien tient son rôle (sans doute un peu trop collant et qui finira par lasser, d'aucuns s'en sont déjà lassés), un personnage à sa mesure, difficile à tenir mais qu'il maitrise à la perfection, celui d'un petit Prince, adulte, étonnamment infantile, aux forces et faiblesses déroutantes, donc drôles, un clown empathique, qui désoriente par cette espèce de distance qu'il met entre lui et la réalité incarnée par les autres personnages, un personnage dépaysant et somme toute un caillou dans la chaussure du terre-à-terre qu'il rencontre et affole, faisant donc émerger de vrais soucis et de nouvelles solutions.

Oui, je le confirme, un personnage poétique qui fait surgir le beau d'où on ne l'attend pas. J'aime beaucoup ce que fait ce comédien. Jouer le con est si difficile, tellement casse-gueule. Il fait preuve d'un savoir faire et d'une délicatesse d'équilibriste.

Cet enfermement dans un personnage con et beau à la fois ne doit pas être facile à assumer, intellectuellement, comme professionnellement (j'ai souvenir qu'il avait mal pris une question d'un journaliste -qui n'y voyait pas à mal d'ailleurs- sur la connerie de son personnage), pourtant il peut en ressortir une œuvre divertissante. Je lui souhaite bien entendu de trouver des moyens d'enrichir cette palette avec d'autres nuances, d'élargir ses horizons d'autres soleils parce qu'à la longue, il ne faudrait pas non plus qu'il se fernandraynaudise de trop.

S'il y a une actrice comique qui peut fasciner par sa maitrise de l'art de faire rire, c'est bien Valérie Lemercier, non? Épatante comédienne de scène, c'est aussi pour elle que j'ai vu ce film. Malheureusement, on la sent trop en retrait, presque en faire-valoir de Dubosc. Elle n'est pas assez utilisée à mon grand regret.

Celui qui joue le parfait clown blanc et qui exploite au maximum le miroir Dubosc, c'est Gérard Darmon. Il trouve ici un excellent rôle parvenant à admirablement fermer le cercle comique de leur duo. Très drôle, il réussit également à maintenir une grande dose d'humanité, malgré l'antipathie qui nait de son personnage. Bref, du travail en finesse.

Alors si cette histoire de con, plus élégant et humain que les autres, nous a été mille fois racontée par ailleurs, les acteurs parviennent plutôt bien à faire flotter le navire. A la rigueur, le meilleur gag du film est le nom de la croisière, Costa. L'actualité peut se révéler cruelle parfois.
Alligator
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le 20 avr. 2013

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