Cette semaine, j'ai vu « Bienvenue à Marly-Gomont », que rien ne donnait envie de voir, entre une affiche plate et un titre tellement original que le film aurai pu s'appeler « Adopte un noir.com », il fallait vraiment entrer dans la salle par hasard, ou que tous les autres films soient complet. Bon bah moi j'ai choisi la troisième option, j'ai laissé le pote qui m'accompagnait décider à ma place. Et je ne suis pas déçue de ce moment passé devant ce petit film familial.
Un des premiers buzz sur internet a été le clip de Kamini qui s'appelait sobrement « Marly-Gomont », c'était en 2006 et voici que 10 ans plus tard un film voit le jour. C'est Kamini lui même, en qualité de scénariste, qui raconte l'histoire de sa famille, de son père surtout, médecin diplômé par l'Etat français, qui débarque dans ce village picard de 400 habitants et tout autant de personnes qui n'ont jamais vu de noir de leur vie. Un véritable choc des cultures entre des Ch'tis et des Africains.
Malgré une impression de déjà-vu de ce genre de comédie, tout se déroule dans la bienveillance et la sincérité et surtout sans surenchère, le piège était de tomber dans la caricature, à la fois de la campagne profonde française et de l'Afrique noire. Les dialogues sont fins, à la fois drôles et touchants, mais sont surtout portés par des comédiens justes, que ce soit du côté ch'tis où on retrouve un Rufus en pleine forme et un Jonathan Lambert machiavelique, que du côté Africain avec le merveilleux Marc Zinga et la rayonnante Aïssa Maïga.
On s'en doute bien, c'est un film qui dénonce le racisme dans les années 70, parce que les actes anti-noir n'étaient pas réservé qu'aux Etats-Unis mais sévissaient aussi dans nos campagnes. Mais c'est aussi et surtout un film sur l'immigration et le difficile processus d'intégration, et le plus important de tout : où se situe vraiment la frontière entre l'intégration et l'assimilation ?
C'est bien un film sur la différence, mais pas que celle que l'on croit, celle qui est évidente, entre blanc et noir, mais aussi entre ville et campagne, entre homme et femme, entre le sport et les études, tous ces petits détails du quotidien.
Bon, on ne va pas se mentir, ce n'est pas non plus le film de l'année ni le film du mois. Le vrai défaut de ce petit film doux-amère se situe dans son manque cruel de mise en scène. Pas une idée, ni pépite ne sort de cet enchaînement de plans coincés dans un montage approximatif, ce qui rend le tout moins drôle que prévu et surtout un peu ennuyant durant les péripéties.
C'est véritablement le dernier acte, bien que très court, qui sauve le film, avec une belle émotion sans être tire-larme, une mise-en-abime de cette histoire, qui est elle-même déjà raconté par un des personnages qui est le scénariste du film. Vous me suivez ? Dommage que ces scènes arrivent si tard, on aurai souhaité être touché en plein cœur plus tôt plutôt que d'attendre la happy ending convenue.
Voilà, désolée je n'ai pas de chute rigolote, je ne voulais pas faire d'humour noir.