"Bienvenue à Marwen" ou la synthèse de l'oeuvre de Robert Zemeckis

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Robert Zemeckis fait partie de ces cinéastes dont la filmographie est à l’image, à la fois, de la virtuosité technique du réalisateur mais aussi de cette vertu que se donne le cinéaste à nous conter des récits intimes. Si une grande partie de sa filmographie peut se vanter d’avoir contribué à la révolution technologique du cinéma [(Retour vers le futur (1985), Qui veut la peau de Roger Rabbit (1988) ou encore Le Pôle Express (2004)], l’autre partie témoigne d’un regard d’auteur sur des personnages en pleine reconstruction. Avec Bienvenue à Marwen, Robert Zemeckis adapte l’histoire vraie de Mark Hogancamp (interprété par Steve Carell), qui suite à une agression à la sortie d’un bar, est victime d’une amnésie totale. Mark se lance dans la construction d’un village belge miniature durant la seconde guerre mondiale. Un village auquel Robert Zemeckis donne vie par les prouesses techniques habituelles de son cinéma, dans lequel on suit l’histoire de Hogie, un double de Mark qui prend la forme d’un soldat entouré de femmes dans son village, résistants aux officiers nazis.


Après Alliés (2016), film d’espionnage assez raté, où le cinéaste jouait des codes du cinéma d’espionnage classique pour livrer un mélodrame somme toute banal qui servait une nouvelle fois de terrain aux expérimentations visuelles du cinéaste, Robert Zemeckis en revient à l’écriture d’un récit intime, mettant la prouesse technique au service de l’histoire, notamment en utilisant la motion capture pour donner vie à un village miniature plus vrai que nature. Car ce qui est le plus frappant à première vue dans ce nouveau long-métrage, c’est son visuel. Bienvenue à Marwen est visuellement très beau, une prouesse technique que le cinéaste n’avait pas renouveler depuis Le drôle de Noël de Scrooge. Le détail dans les expressions faciales des figurines est sidérant de réalisme.


La caméra est constamment en mouvement, Robert Zemeckis utilise le plan-séquence avec une grande maîtrise pour traverser les pièces miniatures avec une fluidité extrêmement plaisante et ludique, opérant des transitions entre l’imagination de Mark et le monde réel par le biais de l’objectif de son appareil photo. Les scènes d’action où Hogie et ses drôles de dames vont démolir du nazi à tire-larigot sont époustouflantes, le cinéaste faisant preuve d’une grande virtuosité technique pour mettre en scène la démolition du village miniature, tel un enfant qui met en scène ses jouets, à l’image d’un Toy Story (John Lasseter, 1995) ou d’un Small Soldiers (Joe Dante, 1998).


[...] Si Bienvenue à Marwen est avant tout une ode à l’imaginaire, il s’agit aussi d’une mise en abyme du magicien qu’est Robert Zemeckis, cinéaste ayant donné vie à des univers miniatures par le pouvoir du cinéma et de la motion capture. Le cinéaste multiplie les clins d’œil à sa filmographie, de la DeLorean de Retour vers le futur aux nazis de Alliés, en passant par l’impressionnant crash de Flight (2012). Conscient de la mise en abyme de sa filmographie à travers l’histoire de Mark Hogancamp, le cinéaste fait de ce nouveau long-métrage un film-somme, une synthèse de son œuvre et des imaginaires animés par son cinéma, ce qui rend le long-métrage d’autant plus émouvant dans sa dimension autobiographique.


Avec Bienvenue à Marwen, Robert Zemeckis parvient à mêler la virtuosité technique de son cinéma au service d’un récit autobiographique intime et poignant. Une prouesse que le cinéaste n’avait pas renouvelée depuis Forrest Gump et Seul au Monde, ce qui en fait une œuvre majeure dans la dense filmographie du cinéaste.

GalDelachapelle
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le 12 janv. 2019

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