La critique complète du film : http://cinecinephile.com/la-cravate-ou-le-costume-du-pouvoir-politique-cinecinephile/
Après La Sociologue et l’ourson en 2016, le duo de cinéastes Mathias Théry – Étienne Chaillou font leur retour avec La Cravate, projet de cinéma documentaire toujours aussi politique. Après avoir décortiqué le projet de loi du Mariage pour tous avec leur précédent long-métrage, c’est au cœur de la campagne présidentielle du Front National que les cinéastes ont choisi d’immiscer leur caméra en suivant de très près le jeune Bastien, militant de vingt ans qui tente de se faire une place en endossant le costume de politicien. D’abord initié comme un projet de documentaire ayant pour but de suivre un jeune militant et son idéologie au sein d’un parti, La Cravate devient très vite un récit intérieur, presque romanesque, où Bastien se retrouve confronté aux démons de son passé, à son propre reflet et à celui de ses idées.
[...] Véritable immersion dans les coulisses du parti politique, La Cravate devient un film sur le pouvoir du costume, sur le pouvoir que confère de porter la cravate. À partir d’une ascension, les cinéastes nous racontent l’histoire d’une chute, la désillusion d’un jeune homme qui rêve d’une carrière politique. Au fur à mesure de ce récit que lit Bastien, en montage alterné avec les images de la campagne, il y a une remise en question qui s’opère à travers le protagoniste, une prise de conscience sur sa propre idéologie par le pouvoir de la parole et la puissance des mots. La Cravate est un film très écrit, où Mathias Théry et Étienne Chaillou use de l’intelligence du montage et de l’écriture pour amener le spectateur à une réflexion sur le fondement même d’une idée, sur la manière par laquelle un parti politique parvient à la semer dans la tête d’un citoyen, notamment à travers la propagande des médias.
Pousser le spectateur à se remettre en question en décimant des pistes de réflexion, par la science du montage et de la parole, sans jamais juger les idées de son protagoniste, ni imposer un point de vue au spectateur. C’est là, la signature de ce qui s’apparente à un cinéma militant et politique d’une grande intelligence et d’une grande finesse dans son écriture et dans sa forme plastique, débordant d’originalité. La Cravate est un film qui risque de passer inaperçu dans le paysage cinématographique actuel par son manque de distribution. Mais le film de Mathias Théry et Étienne Chaillou mérite qu’on lui donne sa chance pour son écriture admirable et la force avec laquelle le duo de cinéastes parvient à filmer la parole et sa rhétorique d’une main de maître.
« La Cravate est un récit politique d’une grande intelligence. Une véritable immersion dans les rouages d’une machine politique aussi redoutable qu’implacable. Du cinéma politique et militant de grande qualité. »