Même si mes quelques amis antifa ne seront pas d’accord avec moi…
Ces derniers jours, j’ai beaucoup hésité à aller voir ce film – documentaire. Enième diatribe contre les méchants du FN, ou exposition / humiliation du provincial cliché qui rejoint le parti frontiste car le pauvre blanc est victime de l’oppression d’un système gauchiste bien-pensant qui privilégierait la racaille immigrée plutôt que les français de sang (à opposer aux français de papier, du coup).
Et bien, ce sont mes préjugés qui ont failli me faire louper une véritable immersion dans la dernière partie de campagne de Marine Le Pen en expliquant le pendant de quelques faits de campagnes comme les vidéos de Florian Philippot et la visite de Le Pen à Whirpool.
Le film étant politique, je me permettrai une critique politique. La première chose que j’ai pensé au long du film, c’est qu’on évite la critique bille en tête du FN et bien que le vocabulaire reste globalement subjectif, les journalistes essayent d’avoir une description plus étoffée que « parti de l’extrême-droite » (même si l’expression revient plusieurs fois). Non, en réalité, y est exposé l’envers du décor ou comment un « gamin » entre dans ce parti avec des convictions et des réels combats à mener, se retrouve dans un clan ravagé par les luttes internes dès qu’il s’agit de sphère d’influence et de poste d’élus à pourvoir. Assez triste pour notre héros d’ailleurs, sachant qu’il a renoncé à la violence physique (skinheads) pour rejoindre le parti lepéniste. Ce jeune homme donne clairement l’impression de détonner avec le reste du parti : allure assez débonnaire, bien que massif mais qui ne semble pas en conflit avec la société dans laquelle il évolue. C’est bien là tout le danger, pourriez-vous argumenter. C’est la fameuse « dédiabolisation » qui est en marche [jeu de mot cocasse, avouez]. Dangereux pour les uns, nécessaires pour les autres, inéluctable selon moi.
Et si j’ose tenter une analyse politique un dimanche matin à 9h, je dirai que cette normalisation a du bon. Non pas que je partage les analyses ou les idées du RN, mais comme Bastien qui s’en rend compte au moment des élections, la boutique Le Pen est un parti comme les autres. Oui, comme les autres. Avec son chef, ses intrigants, ses luttes de pouvoir, ses coups dans le dos, sa dépendance aux médias et ce besoin irrésistible d’être un faux-cul contre vents et marées. Les idées de l’extrême droite font peur ? Même en tant que bon progressiste bobo jusqu’à la moelle, je trouve ça triste. Qu’en démocratie, on puisse avoir peur d’idées est la preuve absolue d’un renoncement. Un peu comme cette conversation surréaliste entre une pro-Macron et notre héros dans le film après le premier tour. Ils peuvent converser cordialement mais finalement c’est un dialogue de sourd qui s’installe entre eux.
Finalement, la seule question que je souhaite apporter, c’est ceci : à quel point avons-nous peur de leurs questions, ou plutôt de notre manque de réponses pour être si déterminés à les ostraciser coûte que coûte ?