Les maux pour le dire
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le 28 mars 2019
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De guerre lasse, le réel du trauma est un impossible à dire. Garde rapprochée du fantasme et talons de la survivance. Zemeckis Puppets show. j’ai plutôt apprécié ce film qui allie autant l’intime d’une analyse psychologique à l’action proprement dite , dans un imaginaire débridé. J’ai été sensible à cette sorte de mise en abyme de la psyché et la détresse du personnage, aux prises avec ses démons intérieurs, sa solitude affective, sa quête de reconstruction. Ce qui fait traumatisme psychique, ce n’est pas la qualité de l’évènement traumatique mais bien la réalité de la rencontre avec le réel de la mort ». Il ne s’agit pas ici de la mort comme la fin prévisible de la vie, mais celle qui vient surprendre le sujet sans aucune possibilité de représentation psychique. Les deux composantes du traumatisme : l’événement réel et les conséquences (bribes de souvenirs liés à cette effraction) vont persister au cœur du psychisme et produire des effets. La capacité de faire face à un événement change en effet pour chacun. La psychanalyse s’intéresse, en particulier, à l’élaboration subjective des événements. Parfois le trauma est resté « en souffrance », est en attente de remémoration et de représentations . Le réel du trauma, l’agression, est totalement recouvert d’un impossible à dire.Dans ce cas, à travers un univers imaginaire les souvenirs le héros tente de se frayer un passage pour s’élaborer et se dire . Fétichisme ou pas, comme recours, il s’agit bien de survivance. Ce qui le sauve, ce n’est pas de survivre, mais un patient travail de reconstruction, de mise en lien et de création symbolique. Face à l’anéantissement du sentiment de soi qu’est l’agression subie, avec une impossibilité d’élaboration, de mentalisation, les stratégies de survie ou de sauvegarde du personnage en passent par une reconstruction imaginaire, par une « tentative de symbolisation » qui transforme l’agression violente , non seulement en scénario supportable où apparaissent autant ses fantasmes, désirs, que les éléments « bons ou mauvais » qui peuplent sa réalité psychique , qu’une reconstruction de soi. Il est vrai que l’on ne connaît rien de l’histoire du personnage et de son rapport aux femmes « avant » le trauma. Il recompose son univers imaginaire à travers des figures féminines fantasmées très sexualisées mais qui appartiennent à son univers réel .C’est un homme qui a des obsessions, une attirance fétichiste , à moins qu’il n’exprime à travers cette attirance pour les chaussures, sa part féminine (il est probable qu’elle existait avant) D’’une certaine façon je pense qu’il essaie de se « sauver » à travers elles, à travers ces « femmes » . D’autant qu’elles incarnent d’une certaine manière des « parties » de son monde intérieur , allant de l’idéalisation « c'est-à-dire le « bon » , à ce qui incarne le « mauvais », ( je pense à la sorcière ») En la repoussant loin de son monde, il peut accéder à la relation réelle , et plus seulement fantasmée
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Créée
le 23 juil. 2024
Critique lue 2 fois
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