Que Mamane soit un humoriste engagé ne fait aucun doute, la considération de ses one man shows suffit à le prouver. Mais Mamane n’est pas un réalisateur et prouve une fois encore qu’un film ne saurait naître d’une pure et simple conversion d’un matériau scénique initial : à la fois mal cadré, mal interprété et mal monté, Bienvenue au Gondwana constitue une véritable souffrance pour un spectateur bienveillant rapidement agacé et qui ne rit jamais. On ne fait pas rire au cinéma comme on fait rire sur une scène : la comédie se pense comme une opération militaire où les répliques sont des duels et tirent des salves de mots hilarantes, où le rythme des manœuvres est savamment orchestré par le montage et ne laisse pas de place au hasard, où les protagonistes s’affrontent, chacun dans leur registre, jouent double jeu, triple jeu, rappellent qu’ils sont avant tout des comédiens. Or, en lieu et place, une succession de saynètes mal reliées les unes aux autres et déclinant chacune à sa manière l’hyperthème de la dictature travestie en « république très très démocratique ». Une production maladroite qui ne pense le cinéma que comme un support pour écouler ses idées politiques ; tout cela manque cruellement de cynisme, de cruauté et de parti pris tant esthétique que dramatique.