Quand on pense aux films coming of age, on revoit surtout les sweet sixteens, les ados qui se préparent à quitter le lycée et à jeter à pieds joints dans la vie adulte. Welcome to the dollhouse (c'est quand même un titre plus stylé que celui qu'ils nous ont refourgué en français), au contraire, choisit de nous mettre dans la peau d'une pré-ado, Dawn. Ignorée quand elle n'est pas malmenée, victime de ses bourreaux et elle-même bourreau de sa petite soeur et de son meilleur copain, elle avance à tâtons dans son mal-être, à une époque où on commence petit à petit à prendre conscience de la cruauté du monde et du regard (parfois impitoyable) des autres. Amer et cynique, il n'essaie pas de mettre un filtre rose sur les expériences de Dawn comme tant d'autres teen movies qui reprennent pourtant les mêmes thèmes. Il n'essaie même pas de mettre un filtre rose sur Dawn en elle-même, à vrai dire. Quand tant d'autres productions choisissent la solution de la facilité en dépeignant des ados martyrisés qui ont bon coeur, "Welcome to the dollhouse" préfère mettre en scène une héroïne parfois franchement antipathique, qui retourne la violence qu'elle subit contre plus faible qu'elle, qui nous rappelle que face à l'hostilité personne n'est parfait, surtout pas à treize ans.
Bref, un film original, désabusé et intelligent qui vous parlera si vous étiez du mauvais côté de la barrière au collège.