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Pose se présentait comme un hommage passionné et flamboyant à la culture ball room des années 90, enrobé dans une esthétique pop et claquante, un plaidoyer en faveur de l'acceptation et de la libération queer porté par des protagonistes précaires et attachants qui doivent s'entraider pour survivre. Mais comme beaucoup de projets de Ryan Murphy (est-ce que ce mec dort des fois ??? vraiment), la série s'empêtre dans des bons sentiments à sauce libérale et devient si mielleuse qu'elle finit par écoeurer.
Le milieu queer américain renferme en lui une histoire forte, marquée par la lutte, la créativité et la puissance de la solidarité, et c'est tout aussi vrai pour les héroïnes et héros de Pose, qui ont assumé leurs identités aux termes d'un combat acharné et perpétuel contre la société qui les opprimait et les violences intra-communautaires. Alors a-t-on vraiment besoin d'en rajouter des caisses pour faire quelque chose de touchant avec un terreau artistique aussi fertile et vibrant ? A-t-on vraiment besoin de se complaire dans des séquences tire-larmes qui finissent par faire lever les yeux au ciel alors qu'écrites autrement, elles auraient pu être bouleversantes ? La technique du personnage mort qui revient en esprit s'adresser à un personnage, c'est du vu et revu, mais ça fait le taff, c'est efficace quand c'est utilisé avec parcimonie. Pose a réussi à utiliser ce procédé CINQ FOIS au sein du même épisode, au point où ce qui aurait pu nous émouvoir tombe dans le domaine de la mauvaise blague. Y'a-t-il une personne qui n'a pas rencontré le fantôme du personnage décédé ?? Ah non, même le boulanger du coin de la rue l'a probablement aperçue.
Qui plus est, j'ai un mal fou avec l'idéologie méritocrate qui suinte des travaux de Murphy par tous les pores. C'est pour ça que je trouve la série trop libérale ; en réécrivant l'histoire, on veut nous faire croire qu'il suffit de se donner à fond pour triompher (les conditions matérielles d'existence ? Je ne connais pas ce pokémon), et que les icônes pop s'appropriant les codes de nos cultures queer vont en fait nous ouvrir des opportunités grâce à la représentation (et finalement, on se retrouve avec une saison 2 qui chante beaucoup plus de louanges de Madonna qu'elle ne visibilise le travail monstre qu'a fourni ACT-UP à l'époque, à part deux pauvres scènes de militantisme archi pauvres et théâtrales).
Pose recherche l'approbation du système majoritaire et incite ses personnages à s'y tailler une place à force de travail et d'obstination. Dans la vraie vie, ses auteur-ice-s sont tombés dans le même piège. Janet Mock, qui a réalisé et écrit certains épisodes, a d'ailleurs fini par s'exprimer sur comment ses collègues et elles-mêmes ont été instrumentalisés par des producteurs peu soucieux de faire avancer les luttes queer mais très motivés à l'idée de se faire du profit sur le dos des communautés LGBT+. C'est dommage, parce qu'en dehors de ça, la série a fait un énorme travail de représentation autour du recrutement de ses acteur-ice-s comme on en avait rarement vu.
Créée
le 15 juin 2021
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