Bienvenue en 2030
Bienvenue en 2030

Court-métrage de Emmanuel Mlaherbe (2013)

Ha y a du potentiel, c'est sûr mais surtout en tant que film Z. Du bon Z ! Malheureusement, l'oeuvre ne va pas toujours en ce sens, et les chutes de rythme sont nombreuses.

La mise en scène est fort maladroite. Au début, on a droit à des points de vue sans rapport les uns avec les autres (la vue subjective, par exemple, est totalement inutile, n'apporte rien à la narration, et dénote avec le reste). En fait, ça manque de cohérence pour passer d'un plan à un autre, par conséquent, cela crée des fautes de rythme. C'est encore plus flagrant sur la fin où l'on manque cruellement d'une spatialisation. Les coups de sniper semblent provenir de nulle part (le lieu étant fermé, le héros étant en plein, air, difficile de s'imaginer qu'il y ait un accès). La faute à un mauvais découpage, un mauvais choix d'angles de vue. En plus, ça manque un peu d'originalité, beaucoup de plans se répètent (je pense aux séquences 'entraînement' très pauvres). Il y a aussi un manque d'ampleur : on parle tellement de ces fossoyeurs qu'on s'attend à quelque chose de plus fou, de plus épique ; leur débarquement ne les met vraiment pas en valeur, et le chef n'a pas de charisme.

Les acteurs sont moyens (en plus ils sont trop jeunes ce qui rend les moments 'nostalgie' un peu ridicules). Le héros joue bien mais a du mal à paraître naturel lorqu'il a de longues répliques à réciter. Cela manque de plan aussi quand le frère et la soeur se retrouvent, je veux parler de plans qui mettent en valeur ce lien. On dirait juste deux inconnus qui se croisent par hasard et fuient ensemble... le choix de l'actrice ne paraît pas adéquat non plus. C'est sans doute méchant à dire... mais dans un film de ce genre, si par exemple on a Christian Bale dans le rôle du frère, il vaut mieux avoir une 'Naomi Watts' dans le rôle de la soeur (ou une autre pouliche bankable physiquement) qu'une 'Katy Bates' ; ce que je veux dire, c'est que les rôles féminins doivent être sexy pour ce genre de rôle. la demoiselle en question ne me dérange pas en soi, mais n'a pas le profil d'une jeune première.

Le montage fait défaut dans la transition d'une scène à l'autre. Le fondu au noir est l'artifice le plus facile et le moins intéressant. En plus cela casse la continuité du film. Ensuite, il y a ce texte apparent pour être sûr que le spectateur ne se perde pas... On se doute bien de l'endroit où on se trouve, ou du moin son se doute bien qu'il s'agit d'une base ennemie ! Pas besoin de le dire ! On n'est pas dans NCIS !

Pour ce qui est du son, c'est assez maladroit dans le bruitage et la musique. Lorsque les coups sont donnés, c'est trop fort, on se croirait dans un film d'arts martiaux (en plus les coups ne sont pas très spectaculaires). La musique est trop présente et le choix des morceaux pas forcément intéressant (la musique s'apprente plus à du bruit et ça ne met pas vraiment en valeur les images déjà pas toujours très belles).

Les décors et costumes manquent de recherches aussi. On dirait que les acteurs ont pris les premiers vêtements à salir dans leur garde robe. Cela manque de crasse d'ailleurs, ça aurait pu être un peu plus déchiré. Les gueules sont trop propres aussi. Et puis les décors manquent d'un investissement, d'une touche humaine. On dirait juste que le tournage s'est fait sitôt le lieu trouvé, sans chercher à le rendre vivant, à y mettre des indices de l'évolution sociale. C'est dommage. De ce fait, on parvient encore moins facilement à s'imaginer dans le futur...

L'écriture est étrange. Certains dialogues paraissent très naturels, d'autres trop artificiels (quand il s'agit de dépeindre le monde dans lequel ils vivent, de mettre en avant les convictions de chacun). La relation entre les deux personnages principaux est assez pauvre. Plutôt que d eles voir parler de tout et rien, il aruait été intéressant de développer leurs personnalités respectives et de trouver un point commun qui créerait une amitié (fausse ou pas). Puis on a même droit à un flashback, le genre d'artifice peu glorieux, surtout quand il s'agit d'un court métrage. Il aurait été possible de faire passer cette idée autrement.

Le film reste tout de même très simple durant la première moitié, quoique ça tourne en rond et parfois on a l'impression que ça aurait pu être plus épuré, plus direct. Mais là où ça se barre vramient en sucette, c'est à partir du débarquement des fossoyeurs. Les personnages perdent en crédibilité, les décisions paraissent absurdes (c'était déjà le cas avant, mais ça devient vraiment flagrant à ce stade) ; tout s'enchaîne trop vite, on ne comprend plus rien, là on est vraiment au summum du Z.

Enfin, le titre est assez pauvre. Déjà, le contexte du film exploite tellement peu l'idée de futur qu'il n'était pas tellement nécessaire de faire un film post apo pour raconter cette histoire... ensuite, 'Bienvenue en 2030'... ça fait un peu trop comédie populaire... Il aurait fallu quelque chose d'un peu plus effrayant, quelque chose qui renforce le côté glauque de cet avenir ; par exemple le titre français de "A boy and his dog" est "Apocalypse 2024", ce qui en jette nettement plus ! Ou encore "Los Angeles 2013", "2019, après la chute de New York", "Les Exterminateurs de l'an 3000", "Cherry 2000", etc.

Tous ces défauts, depuis la mauvaise gestion de l'espace jusqu'au bruitage trop fort, en passant par les mauvais acteurs, ou encore l'écriture, donnent au film un aspect Z. On en rit souvent (haa, ce plan de la nana qui meure). J'ai d'ailleurs pensé à plusieurs reprises au film "The deadly Prey" (sans doute la forêt). Malheureusement il y a aussi beaucoup de chutes de rythme et de maladresses moins drôles. Même l'affiche n'est pas terrible, elle me fait penser au genre de série B-Z que fait Val Kilmer ces dernières années.

Bref, c'est un peu drôle sans le vouloir, c'est surtout fort maladroit.
Fatpooper
4
Écrit par

Créée

le 4 oct. 2014

Critique lue 251 fois

3 j'aime

2 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 251 fois

3
2

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

122 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

110 j'aime

55