Quand on voit le nom de Donnie Yen, on pense immédiatement à des films de tatanes. Et c’est clair que quand on regarde sa filmographie, c’est ce qui ressort immédiatement, et ce depuis 35 ans. Tiger Cage 2, In The Line of Duty 4, Iron Monkey, Wing Chun, Once Upon a Time in China 2, SPL, Ip Man et tant d’autres. Des films qui parlent à tous les amateurs de cinéma asiatique. Il faut dire que Donnie Yen est un des artistes martiaux les plus impressionnants que le cinéma de Hong Kong a mis sur le devant de la scène. Mais avec Big Brother, Donnie semble avoir envie de sortir un peu de sa zone de confort. Un peu comme s’il savait que, l’âge avançant (il a 55 ans au moment du tournage), il allait falloir commencer à penser à l’avenir. A se reconvertir. A faire autre chose que des gros films d’action. Car Big Brother, malgré deux bonnes grosses scènes de baston, est une comédie dramatique. Ou un drame matiné de comédie. En tout cas, quelque chose dans lequel on n’a pas l’habitude de le voir. Et quand on voit le résultat, on se dit que, quelle que soit la raison pour laquelle il interprète ce rôle, il est sur la bonne voie. Car à défaut d’être parfait, Big Brother est une très chouette bobine. Un film mignon tout plein mais bien plus profond qu’il n’y parait.
Henry Chen (Donnie Yen) revient dans son pays après avoir été militaire dans l’armée américaine. Il a envie de devenir enseignant et a de très bonnes recommandations. Il choisit la Tak Chi Elementary School, une école en crise, ayant de très mauvais résultats, située dans un quartier défavorisé. Lui est confiée la classe la plus difficile, dans laquelle les étudiants ne pensent avoir aucun futur et considèrent l’école comme un énorme terrain de jeu. Mais Chen n’est pas un professeur comme les autres et, avec des méthodes peu conventionnelles, il va petit à petit redonner l’envie d’apprendre à ses élèves, et plus particulièrement cinq d’entre eux au parcours difficile. Mais alors qu’il semble en bonne voie pour faire quelque chose de ces gamins, un entrepreneur opportuniste va venir semer le doute et créer le chaos. En effet, la zone où se trouve l’école serait parfaite pour un projet immobilier lui rapportant énormément d’argent. Et s’il faut qu’il détruise le peu d’espoir qu’il reste en ces gamins de réussir à rentrer à l’université, il n’hésitera pas une seconde, quitte à envoyer les sbires de son club de MMA calmer un peu cet enseignant Henry Chen qui semble un peu trop déterminé à faire le bien dans ce lieu en perdition.
Des films nous narrant l’histoire d’un professeur qui arrive à dompter une classe difficile, ça a déjà été vu de nombreuses fois au cinéma. The Substitute, Esprits Rebelles, 187 : Code Meurtre, Le Proviseur, Les Choristes (oui, on a les films qu’on mérite) ou même, dans un autre style, les Sister Act. Mais Hong-Kong n’avait pas de film du genre. C’est désormais chose faite avec Big Brother, et de bien belle manière. Car sous ses airs de divertissement familial lambda, il possède suffisamment d’atouts pour retenir l’attention.
Produit, entre autres, par Wong Jing, Stanley Tong et Donnie Yen lui-même, Big Brother est un film qui traite de pas mal de sujets via les différentes histoires de ses protagonistes. L’alcoolisme, l’absence de figure paternelle, le décrochage scolaire, un système scolaire en déroute car ne cherchant qu’à privilégier l’élite, les dangers du tabagisme, l’intimidation, le harcèlement, … Des sujets parfois traités maladroitement car directs, pas très subtils, mais néanmoins de manière très sincère. Et ça fonctionne essentiellement grâce au casting absolument parfait et aux personnages qu’ils incarnent. Car malgré sa courte durée, Big Brother prend le temps de les développer et de nous en apprendre plus sur ce qui a provoqué leur condition actuelle, les rendant immédiatement attachants. Donnie Yen est tout bonnement parfait en professeur têtu qui a le cœur sur la main, délivrant ici une de ses meilleures performances d’acteur. Tout s’enchaine très bien, le film est fluide, passant d’une scène amusante à une scène plus touchante naturellement (les plus sensibles verseront même une larmichette, hein Iris ^_^), nous emportant avec lui du début à la fin.
Donnie Yen oblige, le film n’oublie pas de nous fournir son quota de baston. Il n’y a que deux scènes d’action, mais elles sont très réussies et plutôt longues. Elles en mettent plein la vue, avec de très bonnes chorégraphies de Tanigaki Kenji, qui avait déjà travaillé avec Donnie Yen sur Balistic Kiss, Legend of the Fist, Wu Xia ou Special ID, et de la Donnie Yen’s Action Team, et s’avèrent même parfois brutales, contrebalançant la légèreté de certaines scènes. Les amateurs de baston regretteront qu’elles ne soient pas plus nombreuses, mais pour l’homogénéité du film, elles sont largement suffisantes.
A la fois drôle et touchant, léger mais abordant des thèmes profonds, n’oubliant pas de verser dans la tatane lorsque c’est nécessaire, Big Brother est une jolie réussite. Malgré son thème vu et revu, c’est un divertissement idéal pour passer un bon moment. Un film tout mignon et très inspirant.
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