Le gros coup dans tes zygomatiques
Au coeur des années 80, avec Sly, Arnold et leurs potes, très vite est apparu au ciné le terme de "bad guy" ou ce qu'on a traduit très bizarrement par "dur à cuire".
Prenons un exemple: vous aviez un héros qui avait l'air d'avoir passé plus de temps en salle de gym, qu'à l'école primaire. Peu importe qu'il venge la mort de sa grand mère tuée d'une balle perdue alors qu'elle regardait Derrick tranquillement, ou qu'il se mette en tête de se payer un salaud qui aura oublié de traverser la route en dehors des clous, il en arrivait toujours à distribuer du plomb copieusement à une bande de figurants aux gueules tout aussi appréciables les unes que les autres et se payer le boss de fin en lui sortant une réplique cinglante pour lui garantir une belle mort humiliante.
En gros, le "bad boy" est cynique; il accorde peu d'importance aux autres (sauf à sa famille, son coéquipier ou son code pénal); il fait sa justice selon ses règles et il avait 10/10 dans la matière "vannes qui tuent" à l'école du rire.
The Big Hit lui fait l'EXACT contraire de ca.
Autant dire que ca parait bizarre de loin, vu que l'entreprise est pistonnée par John Woo et Wesley Snipes. Alors amateurs de testostérone et de justice expéditive, rassurez vous, le héros flingue toujours autant et peu te démonter ta race au corps à corps.
Mais il n'empêche qu'il est incroyablement gentil.
Pour éviter toute mésentente, il tue des "méchants" certes, mais il ne souhaite déplaire à personne.
Ce qui fait que notre cher Melvin est maqué avec une petite amie juive à laquelle il ne peut jamais dire non, et a une maitresse qui lui soutire tout son argent machiavéliquement.
Vous l'aurez compris The Big Hit est finalement bien moins un film d'action générique des 90's, qu'une comédie géniale, talentueuse dans l'humour absurde.
Bien que le réalisateur n'est qu'un petit mec du cinéma Hong Kongais, il installe à la perfection des gags à se tordre la machoire.
La scène de diner en devient de la pure folie furieuse: Kirk Wong arrive à mélanger brillamment du Georges Feydeaux avec du John Woo.
On regrettera peut être un manque d'attentions à certains personnages secondaires et que le final tend beaucoup plus vers le premier degré que le reste du film, mais au fond qu'importe, The Big Hit reste dans sa catégorie une petite perle, injustement boudée pour l'époque pour faire dans le cinéma d'action bis, mais qui s'avère être un trésor d'humour non sensique. Definitivement à voir.