Pur commande pour Okamoto qui n'a pas eu son mot à dire dans le projet - du moins avant le début du tournage - cette petite série B s'avère rafraîchissante par le style du cinéaste, toujours aussi alerte. Le scénario, qui reprend quelques éléments d'[b]Hamlet[/b], est assez incompréhensible avec sa douzaine de suspects, sous-fifres, flics ripoux, gangsters, femmes fatales & cie qui sont autant de fausses pistes ou de trahisons/associations possibles. Okamoto et ses acteurs en sont bien conscients et en profitent pour tirer vers le pastiche avec pas mal de décontraction, d'auto-dérision et de touches décalées comme un final au milieu de manèges qui se mettent en marche durant la fusillade.
Sans avoir grand chose à raconter, Okamoto se concentre à dynamiser sa mise en scène avec un montage nerveux débordant de coupes saugrenues et d'accélération tout en jouant sur l'entrée dans le champ des comédiens ou l’interaction entre les visages des comédiens. C'est extrêmement stimulant dans son premier tiers mais il faut reconnaître que l'absence d'intrigue et que les personnages aussi vides que cools occasionnent une petite lassitude dans les procédés qui tournent un brin en rond, sans doute à cause du manque de préparation avant le lancement de la production. Même si Okamoto prend à réel plaisir à diriger ce film, il manque clairement une vision personnelle ou une adéquation entre la forme et le discours sarcastique (ici inexistant) qu'on peut trouver dans ses autres réalisations. Peut-être aussi que le comédien principal Yûzô Kayama n'a pas tout à fait les épaules et le charisme nécessaire pour tenir entièrement le film.
Celà dit, le film reste très plaisant, avec de nombreux moments réjouissants et une belle vitalité générale.