Bigamie est un film très subtil dans ce qu'il énonce, à savoir le cas d'une double vie un peu forcée par le destin, celle d'un homme qui se retrouve à aimer profondément deux femmes et qui, trop intègre pour ne pas assumer ses responsabilités vis à vis de chacune d'elles, s’embarquera dans une double vie faisant de lui un hors la loi condamnable. On pourra trouver le cheminement du film un peu trop didactique (la femme ambitieuse qui compense son "handicap", la femme faussement indépendante qui tombe amoureuse et surtout le zèle de ce responsable d'une agence d'adoption qui mène son enquête sans aucune anicroche), mais cette structure linéaire, bien que convenue, a pour particularité de scinder le film en deux parties distinctes amusantes. La première sonnant comme un hommage au film noir, avec pour toile de fond le mystère que cache ce papa en devenir particulièrement mystérieux. La seconde étant elle une comédie romantique plutôt bien amenée, pas trop niaise et touchante. Mais malgré toutes ces qualités, il y a quelque chose qui m'a manqué et j'ai fini le film avec ce sentiment d'avoir assisté à quelque chose d'un peu vain. Peut être est-ce le fait que finalement rien ne se résout, puisqu'il n'y a rien à résoudre, mais j'ai eu le sentiment que le film était amené de manière à ne laisser aucunement la possibilité d'en débattre, parce que rien ne se prête finalement au débat. Le mari volage est un mec plus que respectable, ses épouses sont deux femmes admirables et le tribunal qui est censé remettre de l'ordre dans tout ça ne peut qu'avouer son incapacité à condamner l'incondamnable. Une absence de parti pris peut être, en tout cas, en fin de bobine, se pose la question de l'intention qui l'a motivée et je n’ai toujours pas trouvé de réponse satisfaisante.