J'étais un peu hypé par ce film, d'une part je fais partie des rares personnes appréciant les films de Jeunet et à la vue du casting je m'attendais à des acteurs solides dont Claire Chust et Youssef Hadj que j'avais beaucoup aimé dans Problemos. Le synopsis me paraissait pas trop mal et connaissant Jeunet je m'attendais à du solide. A la vue des premières images et de la bande-annonce je ne fus ni déçu ni sur-hypé et je trouvais l'esthétique du film pas mal. Mais au fond de moi une petite voix me disait "Attention c'est du direct-to-video sur Netflix ! C'est rarement bien !" et à la vue des premières critiques je me suis dit que ça sentait la catastrophe industrielle.
Commençons par les points positifs : François Levental est un bon méchant, on aperçoit Pinon, quelques blagues sont marrantes, j'aime bien la direction artistique, les petits détails type "Les Pays-Bas sont sous les eaux" ou "Qui veut des grillons ?" rajoutent du réalisme à l'histoire. Au final la première demi-heure passe bien même si on voit bien que ce n'est pas le film de l'année.
Maintenant parlons du principal problème du film : la lourdeur des personnages et de la narration ! Les personnages sont irrationnels au possible juste pour faire avancer l'histoire, même quand le personnage est sensé être malin ! Le principal reproche que je ferai à la narration est d'être centré sur les blagues potaches en-dessous de la ceinture, j'avais l'impression de regarder une comédie américaine type American Pie, c'est étonnant pour du Jeunet ! Les personnages ne font que baiser, s'apprêtent à baiser ou se draguent. Dès la première scènes les premières blagues tournent autour du sexe ou de poncifs éculés tels que "oh loooool les vieu y comprenne pa les téléfones xDDD".
Cette première scène qui n'a aucun sens, personne ne ramène son fils chez une fille qu'on a jamais vu et avec qui on a prévu de s'envoyer au septième ciel.
Narrativement c'est à la ramasse, le scénario avance soit grâce à des deus-ex soit grâce au même personnage, sensé être le comic-relief du groupe. Une fois je veux bien, mais une dizaine de fois c'est trop.
J'ai l'impression que le confinement est une excuse pour voir les personnages baiser, le tout sous un angle assez lubrique et malsain. Dans un Pasolini je ne verrai aucun souci à voir un ado tringler la fille de la femme qui couche avec son père mais dans un Jeunet clairement orienté "famille" c'est extrêmement malsain.
Réflexion faite c'est l'inverse de Kechiche : chez ce dernier le sexe amène le fond du film (différences de classes et superficialité de la bourgeoisie dans La vie d'Adèle), alors que dans BigBug la révolte des machines amène le sexe.
Et parlons de la fin !
Même si la scène de baston contre le méchant est plutôt bien foutue ce qui suit après et juste débile. Pourquoi la bombasse décide de partir avec de Groodt ? Pourquoi ce dernier ne reste pas avec Zylberstein ? Ils avaient pourtant l'air de s'aimer ? Pourquoi les deux jeunes chialent comme pas possible comme si ils n'allaient pas se revoir ? Ils habitent pourtant dans le même coin non ? Faut pas me faire croire qu'en 2050 ils ont pas pu échanger leurs snaps ?
Le deus ex machina est totalement con j'ai rarement vu ça, ça n'a aucun sens !
J'allais oublier mais y a une morale à deux balles sur ce que c'est d'être humain, les émotions les cyborgs etc. Y a au moins une centaine de bons films qui a abordé ces sujets et d'une meilleure manière.
En gros, le film aurait été mieux si : les personnages n'étaient pas autant obsédés du cul, si la narration était moins lourde et si la fin n'était pas aussi bâclée. Ça aurait pu être un fable sympa sur l'amour sous toutes ses formes en abordant en même temps la bioéthique, mais non c'est juste du Poiret.