La cité des enfants perdus, Delicatessen et évidemment Amélie Poulain, j'ai toujours eu une affection particulière pour le cinéma de Jeunet et sa vision burlesque du cinéma. Même après son échec cuisant d'il y a dix ans avec L'Extravagant Voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet (le seul film de ma vie où je me suis endormi au cinéma), j'ai toujours voulu défendre le travail de ce réalisateur à la vision singulière. Mais ici, là, bon dieu non.
Big Bug est un pur désastre cinématographique qui empile les clichés sur une société à la lisière de la dystopie où la technologie s'apprête à renverser l'homme. La thématique est connue (non je ne citerai pas les œuvres que tout le monde adore citer dans ce genre de cas 198.. chut, on sait !), fascinante et semble être un vivier inépuisable pour pouvoir pondre des œuvres intéressantes (et qui dénoncent lol). Sauf qu'ici, et ben le Jeunet, il est peu dans la panade. Voulant traiter la thématique sous l'angle de l'humour dans un univers criard et grotesque (en soi sur le papier moi ça me semblait être une plutôt bonne idée, entendons nous bien), le cinéaste déroule un film à sketches embarrassants et à la direction artistique qui est complètement dans les choux. Mais le pire reste le propos, celui de ton oncle bourré en bout de table avec son pastaga, qui, tentant de faire son intéressant 'auprès des jeunes', essaye de t'expliquer pourkoi kon est da la merde en essayant de résumer tout en même temps 1984 (et merde), Brazil mais en y rajoutant le cinquième élément (pourquoi pas).
Un groupe de personnes se retrouve en huit clos dans une maison à l'inspiration rétro futuriste (où la saturation à été poussée à son max) et où les robots, en gros, prennent le contrôle et vont bien faire comprendre aux vilains Hommes qu'ils auraient pas du trop se reposer sur la technologie. Une robote (ça se genre ?) ménagère qui analyse le comportement des gens avec la subtilité d'un Jean-Marie Bigard (Érection 100%, super drôle Jean-Pierre), des acteurs totalement en roue libre qui nous font évoluer dans un vaudeville dérangeant où tout est mal surjoué (le surjeu est un jeu, un style qui a sa place et son intérêt dans le cinéma, mais ici c'est juste mal surjoué), le tout dans un univers où l'animation et le décorum ont été produits par Sébastien, étudiant en école d'animation 3D (ça doit exister) qui rend tout le bousin absolument indigeste.
Toutes les réflexions du film sur la place de l'homme, les déviances sécuritaire, la surveillance blah blah, sont des réflexions bateaux déjà vues, déjà entendues et déjà rabattues un nombre incalculable de fois. Et c'est normal me direz-vous, le problème est que Jeunet déroule sa réflexion et son univers avec la subtilité d'un 35 tonnes roulant à tombeaux ouvert sur un parking Auchan. Ce qui est d'autant plus gênant face à l'écriture vide et paresseuses et la direction artistique toute pétée, c'est que Jeunet s'est permis toutes ces dernières années de critiquer ses paire comme Del Toro ou Ang Lee. S'enorgueillant d'être un bien meilleur réalisateur qui aurait pu faire de meilleurs fin de films qu'eux par exemple. (et que LUI, est une source d'inspiration pour bon nombre de réalisateur (ce qui est certainement le cas, mais ta gueule en fait)).
Enfin, gênant de bout en bout, maladroit au possible et d'une bouffonnerie encombrante. C'est à se demander comment Jeunet à su autant toucher la grâce pour aujourd'hui connaître un tel néant artistique.