Ce film c'est le remède aux maux de la Terre dans un emballage non recyclable.
A l'évocation du titre et d'après ce que je crois comprendre des intentions de la réalisatrice, on cherche à inviter les jeunes du monde entier à mener des actions pour sauver le monde. Parce que cela nous dépasse, c'est plus important que nous. Plus important que le "je", que son propre confort.
Sauf que le procédé pour les convaincre, c'est de les confronter à des modèles érigés en héros, notamment par la mise en scène. On les filme sur des promontoires surplombant leur environnement, sur scène, au drône... Seuls, verticaux, déjà en partie pour certains déconnectés, en tout cas à l'image, des peuples qu'ils sont sensés défendre. Ce qui ressort du film c'est que l'action humanitaire est devenu le moteur de leur petite success story individuelle.
Une telle contradiction, ça fait tâche.
Evidemment ces jeunes dont on fait le portrait sont admirables à bien des égards et il ne s'agit pas de remettre en cause leur action ni même leur sincérité. Sauf que le film passe complètement à coté de son message et de son pouvoir d'influence dans le réel en faisant l'impasse sur les luttes sociales et politiques qui sont les seules à pouvoir être opérantes. Quand enfin on a une trace de géopolitique lorsqu'une jeune activiste ougandaise évoque des exploitations agricoles possédées par des Indiens ou Chinois (très présents en Afrique de l'est), on coupe.
Pourquoi encore et toujours starifier, iconiser des individus, sans jamais montrer les peuples ni véritablement évoquer les causes de leurs maux? Veut-on créer une nouvelle élite morale, une nouvelle bourgeoisie transnationale, qui passera sa vie dans les aéroports pour aller défendre l'arrêt des hydrocarbures aux quatre coins du monde? Le capitalisme mondialisé dont on cherche à dénoncer les ravages se nourrit plutôt pas mal de cette idéologie d'empowerment individuel. "You are change", voit-on marqué sur le tableau dans une classe de petits syriens... Cela confine à l'obscénité.
Si les situations que l'on nous dépeint sont bel et bien réelles et alarmantes, le film transpire d'une facticité abominable au regard de ses intentions. Il y a de belles images, il y a du pognon, il y a de la scénographie, des plans travaillés et de l'acting. Il y a même une jeune BHL à chemise blanche, égérie Levi's dans la vie (mais merde!!)... Alors que la simplicité et la sincérité auraient pu déclencher bien plus d'émotions et donc de prises de conscience.
Enervant.