On peut reconnaître à la jeunesse au moins une qualité d'idéalisme qu'il est bon de fréquenter de temps en temps pour ne pas définitivement virer dépressif ou pessimiste. Ces jolis portraits de jeunes activistes ultra-précoces sont un baume contre la morosité ambiante, comme le film Demain l'avait été en son temps. Ils sont le prétexte d'un tour d'horizon mondial de l'engagement juvénile, et, du coup, des problèmes a priori insolubles dans lesquels nos aïeux nous ont empêtrés. La faute ne leur en incombe pas exclusivement, il y a aussi notre passivité, voire notre intérêt à ne pas faire trop bouger les lignes pour ne pas perdre le peu de confort qu'il nous reste. Certains enfants nés dans des environnements a priori hostiles ont trouvé en eux des ressources immenses pour s'opposer à leur échelle à la prédation endémique de nos sociétés, non pas en guerroyant à l'ancienne, mais en fédérant d'autres autour d'eux, grâce le plus souvent aux réseaux sociaux. Ce faisant, ils contribuent à changer les mentalités et mettent dans le même temps leurs vies en danger. Ce sont des héros au sens ancien du terme, ceux qui portent nos espoirs de voir un jour le monde changer, en bien, il va sans dire. Notre amphitryonne, Melati Wijsen, au nom prédestiné, est une jeune habitante de Jakarta qui s'est engagée à 12 ans (12 ans !) contre la colonisation des paysages de son enfance par le plastique. Elle réfléchit, écrit, prend la parole, agit et voyage, et passe par là même une jeunesse fructueuse et épanouissante, comme on aimerait que davantage de jeunes de nos connaissances le fassent. Elle fait également face à d'immenses inquiétudes, bien trop lourdes pour n'importe quel individu. C'est néanmoins elle qui part à la rencontre d'autres comme elle, engagés très tôt dans des combats 'bigger than them', d'où le titre du documentaire. En Ouganda, dans le Colorado, en Grèce, au Malawi, etc., les problèmes sont si enracinés et généraux qu'on trouve de jeunes hérauts dans le monde entier, qui se dressent contre la prédation et prennent la défense de leur communauté, et, à travers elle, de tous les opprimés : indigènes, femmes, enfants, déplacés, migrants, ils sont des milliards à avoir des raisons de craindre leur prochain. Alors, devant l'ampleur de la tâche, il est infiniment réconfortant de voir la jeune génération s'engager, loin des addictions aux écrans ou aux substances, et faire concrètement avancer des causes généreuses qui pourraient ne pas rester désespérées indéfiniment. Pour peu qu'on prenne la peine de les écouter et de les soutenir. Je ne résiste pas à vous coller le lien du site très bien fait accompagnant ce documentaire engagé : https://biggerthanus.film/