Bigglesworth, Bigglesworth, Bigglesworth !
Et si votre destin était inscrit dans le passé ? Vous, homme du présent, songez à un futur où les autoroutes sont du passé, la téléportation un rituel du matin, où votre petit-déjeuner se fabrique tout seul, sans mécanisme déglingué à la Wallace & Gromit. Mais peut-être appartenez-vous déjà au futur rêvé par d'autres gens, ceux du début du siècle.
Biggles nous propose une aventure au-delà des frontières temporelles, où un publicitaire américain des années 80, Jim Ferguson, se retrouve nez-à-nez avec... un aviateur en 1917 ! Bigglesworth, pilote hors-pair, fait partie d'une mission secrète : accompagné de sa bande (Algy, Bertie et Ginger), il doit retrouver un prototype d'une super-arme allemande redoutable. Il n'espérait pas recevoir de l'aide "divine". Tous deux déstabilisés, ils formeront un duo inattendu qui triomphera de leurs poursuivants respectifs (dans les années 10 et 80).
Concrètement, à chaque sensation de "danger", Jim Ferguson est littéralement foudroyé et renvoyé au début du vingtième siècle, en pleine première guerre mondiale. Que ce soit dans les tranchées, sur le territoire allemand ou à bord d'un avion de guerre, Jim est déboussolé. Chaque retour dans "son" présent crée un moment de panique au sein de son entourage. Il finit par rencontrer un soldat émérite de la première guerre mondiale, William Raymond (par ailleurs le dernier rôle de Peter Cushing), qui conviera Jim de le retrouver dans son repaire, situé sur le Tower Bridge à Londres. C'est par le biais du commandant Raymond que le publicitaire apportera du soutien à Biggles : l'origine du saut temporel, les photos développées de la super-arme, l'histoire de la brigade.
Car Jim n'est pas le seul à bondir hors du présent en moment périlleux. Bigglesworth, lui aussi, est téléporté au beau milieu du Londres sous Margaret Thatcher, ce qui amène à des scènes plutôt amusantes (course-poursuites sur les toits, la rencontre avec les punks).
Biggles est un film léger. Si le héros n'est pas inconnu (il a été créé par l'auteur William Earl Johns), le pitch très balisé par le succès de "Retour vers le futur" de Robert Zemeckis, le duo entre l'aviateur et le publicitaire s'avère être captivant. L'ambition est probablement trop haute, au vu des moyens (notamment par l'utilisation d'engins volants) mais, en le visionnant des années après, le film est plutôt de bonne facture. A retenir : l'hélicoptère de la police qui déferle sur une tranchée grouillant de troufions apeurés par cette "beauté de conception" d'après Biggles.
Rythmé par une bande-son rock (Deep Purple, Mötley Crüe, The Immortals) et par une ambiance clairement années 80, malgré les grosses divergences des nouvelles de William Earl Johns, il subsiste quelque chose d'attendrissant au sein de ce long métrage, comme ce tableau des cerfs violets cousu chez Mamie : c'est kitschissime, mais au fond, on s'y attache. Une petite surprise sans attente au préalable qui peut plaire un soir entre potes, entre les projections de Phantom of the Paradise et de Flash Gordon.