Film de télé-théâtre, basé sur une pièce de Per Olov Enquist que Bergman avait déjà créée sur scène.
C'est l'histoire d'une rencontre avant tout, de deux femmes apparement très différentes mais partageant en réalité un passé douloureux, le partageant ou plutôt découvrant avec peine que leurs passés respectifs se ressemblent étrangement.

Ce passé douloureux (père alcoolo) prend figure dans celle du héros de Körkalen, roman de Selma Lagerlöf et adaptation filmée de Victor Sjöström. En effet, les deux femmes sont respectivement Selma Lagerlöf, interprêtée par Anita Bjork et Tora Teje jouée par Elin Klinga.

Elin est jeune, fougueuse, grossière et brute de décoffrage, sans concession, franche et directe. Maîtresse de Sjöström, joué par Lennart Hjulström, elle rencontre donc son idole, la grande romancière, beaucoup plus âgée, mais ô combien vénérée. La rencontre est d'abord une confrontation, entre la jeune et susceptible femme et la sage vieille dame. Elin est encore blessée de n 'avoir pas pu jouer dans Korkalen, refusée par Selma. Mais toutes deux vont dépasser ces premiers écueils, pour finir par nouer une relation étroite, subtile, liée par le rapport créatif, que ce soit l'écrivain face à son oeuvre ou l'actrice face à son interprétation. Pas étonnant que Bergman se soit penché sur cette pièce ; les thèmes parcourus par les deux femmes sont très intéressants, pas faciles mais sérieusement attirants. D'autant plus que les personnage de Victor Sjöström et de son directeur photo Julius Jaenzon viennent prolonger la réflexion sur le rapport à l'image et la place de l'artiste, du créateur face à sa création, ou la création d'autrui dès lors qu'il s'agit d'un travail d'adaptation, de la responsabilité de l'auteur dans sa création par rapport à son public, lecteur ou spectateur, de la part de soi même incluse dans le travail, de son implication morale en somme.

Sur la forme, c'est du numérique, il me semble. L'image est très lumineuse. Le huis-clos (la salle de projection d'un studio ciné où SSjöström présente des bouts de son film à Selma Lagerlöf) nous propose une image très télévisuelle.
Le son est formidablement pûr.
Ce n'est pas du cinéma. On est loin de la beauté visuelle de Saraband. Une fois qu'on a passé cet obstacle a priori rébarbatif et une fois qu'on a donné sa chance aux personnages (Elin n'est pas loin d'être hystérique dans la première demi-heure, une sorte de Sabine Azéma sous ecsta), on a droit à une bonne réflexion sur l'art et à quelques très belles scènes, pleines d'émotion et de talents d'acteurs.
Alligator
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le 16 févr. 2013

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