Billy Budd
7.4
Billy Budd

Film de Peter Ustinov (1962)

avril 2010:

Petite curiosité, une réalisation signée Peter Ustinov. Je crois que c'était caché dans un recoin de ma cervelle.

Cette adaptation d'un roman de Melville interroge adroitement (pas toujours : la dernière séquence et sa voix-off lourdement sentencieuse cassent un peu la finesse de traitement par exemple) les questions de justice, de libre-arbitre, de la responsabilité, d'assujétion au pouvoir, à la loi, au devoir public.

Ici sur un navire de guerre anglais, en plein guerre de sept ans (je suppose), des relations axées sur la violence et l'oppression débouchent sur le meurtre accidentel du bourreau. Les officiers décident malgré toute la sympathie qu'ils éprouvent pour le demeuré de le condamner à mort comme l'exige le règlement de la marine en temps de guerre.

Nettement partagé en deux parties, le films s'ouvre réellement sur la confrontation de deux êtres que tout oppose, Billy Budd (le jeune et blond Terence Stamp) est tout sourire, bon, amène, d'une tolérance presqu'inhumaine, incapable de haïr son prochain, un crétien de première catégorie, celle qui tend la joue droite.

Face à lui se dresse le taciturne Robert Ryan, toujours aussi noir et qui se coltine encore une fois un personnage à l'homosexualité tatente, de plus en plus titillée par la candeur et les attentions benoîtes du beau blond.

La seconde partie met beaucoup plus en valeur les jeux de Peter Ustinov, de Paul Rogers, de David McCallum et John Neville confrontés au douloureux dilemme de choisir entre l'évidente innocence du "petit prince" et le sacro-saint" règlement qui leur ordonne de l'exécuter.

Le renversement de valeurs quand la loi fait pencher la balance vers la corde au cou est très bien écrit et joué. C'est sans doute l'une des séquences les plus réussies du film. Difficile à justifier, elle demeure toutefois très bien cohérente et crédible.

Les scènes entre Ryan et Stamp sont pas mal non plus, offrant à Ryan surtout l'opportunité de briller en incarnant toute la souffrance, la solitude dans un regard ténébreux et effrayant.

Pour ces quelques scènes, ce film de marins est à voir. Ce ne sont pas les affrontements avec la mer déchaînée ni l'âpre ennemi qui confèrent au film tout son intérêt mais bien les relations compliquées des hommes de cet univers en huis-clos où pouvoir et vouloir se livrent un vibrant combat.
Alligator
7
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le 6 avr. 2013

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