Bird Box
5.8
Bird Box

film de Susanne Bier (2018)

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Susanne Blier réalisatrice danoise du film Brothers et After the wedding, réussit mieux quand elle reste libre de ses œuvres. Après s'être essayée à la série avec The Night Manager, adaptation du livre de John le Carré, elle s'essaie au film d'horreur, Bird Box de Josh Maleman.
Dans un univers de fin du monde, une épidémie mondiale décime la population. C'est ici l'angoisse particulière liée aux cinq sens, la vue, où il ne faudra regarder sous aucun prétexte au risque de devenir suicidaire.
Hormis le rapport au film Phénomènes, on pense rapidement au récent Sans un bruit, où pour survivre il fallait être silencieux, même si...Et de constater le peu d'originalité de ces nouvelles productions Netflix.
Et dans la revisite du genre réussie, on pense donc aux débuts de Night Shyamalan, entre fantastique et drame, plutôt intimiste, optant notamment dans Sixième sens, pour un aspect psychologique qui apportait de la matière au surnaturel avec le personnage de Bruce Willis en chute libre. Sandra Bullock, par cette situation extraordinaire, devra elle aussi tenter de se retrouver.


Dans une quête de survie, Malorie doit donc fuir avec ses enfants vers un refuge, isolé du mal, mais où ce trajet de plusieurs jours devra s'effectuer les yeux bandés, en suivant le cours d'une rivière, source de tous les dangers. Et pourtant de cette course effrénée et à l'aveugle, nous n'en verrons pas grand chose justement. Ni n'en ressentirons l'angoisse face une telle situation et de toute la force nécessaire à continuer de naviguer « à vue ». Nous serons la plupart du temps, avant la fuite, dans une maison, refuge précaire d'un groupe de personnes surpris par la catastrophe. Rien ne nous sera expliqué et le scénario élude constamment ce qui pouvait donner de la matière à l'histoire, et à de vrais frissons.


notamment par la venue de quelques énergumènes tout autant agressifs, qu'inspirés par le mal qui rôde, déjà fous, immunisés contre le suicide et qui forcent ceux qu'ils rencontrent à enlever leur bandeau, ou de cette menace invisible dont on ne verra que la volonté sanguinaire et son ombre bruyante planer alentour.


Pourtant, cette intrigue apocalyptique est immersive dans son ouverture et démarre sur les chapeaux de roues, mais la cinéaste et son scénariste, à vouloir mener de front plusieurs thèmes, finissent de s'enferrer dans un produit convenu, aux multiples références, sans âme, sans originalité, sans rythme, mélangeant les temporalités et coupant de fait toute la tension d'un bon Survival en temps réel par ses multiples flashback, pour nous raconter Malorie. Le suspense attendu face à l'inconnu échoue finalement par son défaut d'écriture. Optant pour le hors champs, l'ambiance anxiogène se résume à une barque dérivant et se heurtant à quelques sympathiques rapides.
Pourtant on saisit bien le propos. Celui de la maternité et de son acceptation. D'être mère aujourd'hui et d'offrir à ses enfants une vie entre combat d'adulte dès leur plus jeune âge et de la nécessité absolue de profiter de leur enfance. Du deuil, du rapport à l'éducation et de s'affranchir de ses traumatismes de jeunesse.
Malorie est seule, projetée dans l'horreur d'une situation incompréhensible.De ses pertes et de ses rencontres, elle évoluera vers une prise de conscience et luttera pour sa survie et celle de sa famille. Future mère célibataire, bien peu empathique, où la morale déployée voudra nous la remettre sur le droit chemin, et une histoire d'amour vouée à disparaître pour bien appuyer l'ambiance morose et l'importance du seul rôle d'être mère, qui échoit à la femme, comme vraie valeur.


La complexité voulue des rapports se perd dans les thèmes de notre société moderne et de l'actualité de l'Amérique Trump, où on ne saisi plus du tout quelle est la volonté de la cinéaste qui livre des dialogues ineptes et contradictoires, des personnages clichés, et peu marquants, un John Malkovich qui n'est plus celui qu'il a été, et une Sandra Bullock qui malgré quelques sursauts, nous montrera bien peu d'expression variée pour nous convaincre.


Sans oublier les oiseaux dans leur boite, titre du film, qui accompagnent notre héroïne et qui pépient lorsqu'ils flairent la menace pour un trajet final à travers la forêt en direction dudit refuge vierge de tout danger, chemin s'accompagnant de pépiement d'oiseaux...allant crescendo  !
L'idée même du bandeau au vu de la force maléfique qui prévient de son arrivée reste inutile la plupart du temps.


Pourtant et c'est bien là la curiosité on suit avec plaisir les rares moments à l'extérieur, la cinéaste arrivant à rendre la tension d'une fuite en avant courageuse, même si la volonté de l'émotion facile, par les personnages des enfants pousse encore un peu le bouchon.


Il paraîtrait plus judicieux de lire le livre.

limma
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le 22 déc. 2018

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