Je n'avais jamais vu un film aussi singulier depuis Holy Motors de Leos Carax. Pascale Ferran qui avait revisité l'Amant de Lady Chaterley avec maestria confirme avec une mise en scène aérienne et lente et un propos inattendu. Quand le film commence dans un train de banlieue qui mène à l'aéroport Charles de Gaulle, le spectateur pense, qu'à travers toutes les pensées de ces gens avant d'arriver à leur destination de voyage ou de travail, il aura à faire à un film choral.Or, Pascal Ferran va se concentrer sur deux personnages: Gary, homme d'affaires américain, la quarantaine qui vient pour une réunion de travail à Paris avant de repartir pour Dubaï; et donc Audrey, étudiante, d'une vingtaine d'années qui gagne sa vie en tant que femme de chambre au Hilton (hotel où réside Gary). Et des personnages plus secondaires mais récurrents interviendront dans chacun de leur récits.
Durant la durée du film, le spectateur se demande l'intention de la cinéaste: pourquoi avoir choisi ces deux personnages en particulier et pourquoi avoir choisi des moyens de les faire se croiser subtilement jusqu'à leur vraie rencontre furtive. Et puis, il y a la présence de ce moineau,véritable habitant du film, car observateur des gens, de leurs actions et parce qu'il sera lié à l'un des personnages cités ci-dessus (je vous laisse l'effet de surprise intact).
Par extension, Bird people pourrait donc se traduire par les gens de l'oiseau en français ou encore les gens "oiseau".Pascale Ferran,aime à ménager cette ambiguïté car on passe de l'oiseau observateur à ces gens qui vivotent, ne font que passer temporairement dans l'aéroport et autres lieux qui le jouxtent. Tels des oiseaux.Au bout du compte, une ballade virevoltante dans une unité de lieu presque unique et une variété de sensations.Si vous aimez les univers à plusieurs clés, Bird people est donc fait pour vous. Il est à ajouter que le silence compte là autant que les dialogues et que savoir s'arrêter sur les moments de vie ( à l'image de ce dessinateur asiatique qui dessine l'oiseau) est souvent l'aspiration des personnages du film qui veulent se sentir vivre et apprécier le moment présent.
Un dernier petit mot sur la bande originale du film qui ne compte que deux chansons et pas des moindres: La Javanaise de Gainsbourg et Space oddity de Bowie. Leurs utilisations,voir comment elles sont déclinées, montre encore l'inventivité croustillante de Pascale Ferran. Ne manquer pas ce moment de cinéma enrichissant et remarquable.
Specliseur
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le 8 juin 2014

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