Ta gueule Audrey on entend pas le moineau éructer

Près de Paris, dans un hôtel auprès d’un aéroport. Deux parties d’une heure. Dans la première, un américain de passage en France pour représenter son entreprise choisit de rater son avion et de tout quitter : femme, boulot, enfants, etc. Irresponsabilité romantique à plein régime. Le mec lâche son groupe à un moment crucial, sans pré-avis ; il mériterais un procès perdu et le déclassement. Ce serait le tarif légitime pour sa fantaisie de crétin existentialiste accomplie au détriment des autres et de ses engagements. Il y a d’autres options que cette attitude d’abruti capricieux et totalement amorphe.

Le film s’inscrivait déjà dans le registre de cet espèce de nouveau réalisme poétique où les cinéastes alignent des bouts de faux brouillons, énumèrent des petits gestes inutiles et accompagnent le vide de leurs personnages, entrecoupés de moments bruyants et besogneux. Mais Bird People ne s’en tient pas à cette platitude arty, il est conséquent dans sa philosophie. Il aligne alors toutes les banalités sur la crise de la quarantaine, le drame de couple, la solitude du connard paisible moderne avec un emo de 14 ans enfermé à l’intérieur.

Ce type plaque tout, mais mollement : il ne pète pas vraiment les plombs, ne règle aucun couple : il dit tranquillement qu’il en a marre et lâche tout. Vu son absence de tension, d’esprit et d’élan vital, il devrait opter pour le suicide. Tout lâcher soit, mais si c’est pour rester là à gober, écouter encore les anciens contacts paniquer en apprenant sa décision, quel intérêt ? Il traînera son absence d’âme partout. Ce mec n’est même pas conséquent, il en serait incapable de toutes manières.

C’est bien une grosse loque de film d’auteur français aux fantasmes moribonds de petit intégré fatigué. Arrêtez de vous soumettre comme vous respirez, de vous faire porter par les mœurs de votre microcosme, peut-être que vos rêves mouillés auront meilleur mine. Après que ce demeuré ait chialé pendant qu’un avion décollait, Audrey entre en scène. La deuxième heure se passera avec cette femme de chambre et va relever le niveau. Audrey est d’abord sur les traces du précédent et le film mute rapidement, devenant un semi-thriller puis débouchant rapidement sur le fantastique.

Bird people, littéralement, donc. Les quarante dernières minutes permettront au film de s’élever en traînant son supplément, sa grosse anecdote, sans quoi effectivement il tombait dans les limbes, entre les poubelles et la cohorte de choses quelconques. Il y aura alors quelques jolis plans, des travellings rigolos autour de la transformation ainsi qu’un adorable figurant à six doigts. Audrey est très conne (ferme ta gueule Audrey, vraiment), toutefois elle profite décemment de ses pouvoirs et le moineau dans lequel elle s’incarne est tellement charismatique !

Il y a de quoi être frustré par la tiédeur de sa curiosité, mais l’adoption du point de vue de l’oiseau dope clairement la réalisation et permet d’accoucher de cette poésie couvée tout le long. Le but ? Que dalle, on a dit poésie pour cinéma d’auteur lunaire et placide avec petits éclats Yolo ! Prenez la ‘poésie’ et mettez-là de côté : attendez mais les deux tiers du film n’ont donc servis à rien ; alors même que la vadrouille du moineau ne nous emmène nulle part. C’était Bird People, spectacle totalement random, léger, pas sans charme, où au moins une auteure a le mérite de s’affirmer complètement.

http://zogarok.wordpress.com/2014/12/31/dernieres-seances-2014/
http://zogarok.wordpress.com/tag/cine-2014/

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le 28 déc. 2014

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Zogarok

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