Enfin un Miike plus abouti
Trois improbables voyageurs partent pour la région montagneuse du Yun Nan en Chine, chacun avec un but très différent. M. Wada, un jeune cadre dynamique, a été envoyé là-bas par son patron afin de trouver un fabuleux gisement de jade. M. Ujiie, un yakuza caractériel, lui emboîte le pas afin de s'assurer qu'une partie du trésor reviendra à son clan. Enfin, M. Shen, un flegmatique interprète qui lui sert de guide, veut devenir riche afin d'installer l'électricité dans son village...
Bird People est une mini révolution à l'échelle Miikéenne. Enfin, sa lenteur contemplative permet à l'âme de ne pas respirer dans le vide, de s'aérer la tête dans les superbes décors d'un film emprunt de poésie. Bien qu'atypique, un brin léger et redondant par instants, Miike parvient pour une fois à dérouler un vrai scénario cohérent qui se construit au fil du métrage. Étonnamment, Bird People est dénué de ses délires trash habituels mais garde un certain humour surréaliste qu'il est bon de découvrir dans ce cadre dépaysant. Miike possède un vrai talent esthétique et technique, c'est indéniable, mais ne parvient que très rarement à pondre de vrais scénarios qui porteraient ses films de bout en bout . Il préfère osciller entre la mélancolie poussive, le yakuza blues, le non-sens Kitanesque, les latences abyssales et le délire trash et chaotique, sans trop se soucier d'aller plus loin, et surtout sans se camper avec force pour donner du poids à ses films, le plus souvent avec une énorme précipitation, voir en dilettante. Or, ici il choisit ouvertement la carte poétique et prend bien son temps pour installer confortablement le cadre, les préoccupations des personnages et les tenants et aboutissants du voyage. La cuisine de Miike a toujours quelques bons ingrédients mais n'est que très rarement convaincante et Bird People n'en est donc que plus touchant tant jusqu'à son dernier plan il trouve une cerise à ajouter.