"Birdman" est le seul film ayant reçu l'Oscar du meilleur film depuis le début de la décennie que j'ai hésité à regarder. Pour être honnête, je ne l'ai regardé qu'en janvier 2017, après avoir vu "Spotlight", le dernier détenteur de l'Oscar du meilleur film à l'heure où j'écris ces lignes. J'ai été particulièrement convaincu par "Spotlight" et le fait que Michael Keaton soit dans ces deux films a dressé une sorte de parallèle qui m'a fait dire "faudrait quand même que tu le vois". D'autant plus que l'Academy s'est peu ou pas trompée depuis 2010 au moment d'attribuer cette récompense.
J'avais peur que ce film soit trop perché et que je n'accroche pas au délire d'Alejandro Gonzalez Iñarritu.
Je n'ai pas eu tort dans un sens : "Birdman" est perché, c'est indéniable. En revanche, là où j'ai eu tort, c'est quand je pensais que je n'accrocherai pas au délire du réalisateur mexicain. J'ai accroché dès le début : les dialogues et la mise en scène m'ont happé dans l'histoire et ne m'ont relâché qu'avec le générique de fin.
"Birdman" est obsédant : on ne peut pas détacher les yeux de Michael Keaton, d'Edward Norton ou encore d'Emma Stone car ces acteurs captent votre regard et vous empêchent de regarder ailleurs.
Même si l'histoire est prévisible, on reste parce qu'on a quand même envie de voir ce qui va se passer, comment les acteurs vont interpréter ce que l'on imagine déjà et comment Iñarritu va réussir à le mettre en scène.
D'ailleurs cette mise en scène est surprenante. Le choix a été fait de composer les scènes uniquement de plans séquences. Les seuls cuts que contient le film, ce sont pour passer d'une scène à l'autre.
Et pourtant le rythme n'en pâtit pas car les acteurs sont intenses, les dialogues sont ciselés et la tension est palpable. C'est un véritable tour de force de l'équipe. Je suis vraiment impressionné par ce film dans la plupart de ses aspects.
De plus, le même minimalisme est présent à l'égard des décors. On sort très peu du théâtre où Riggan Thomson prépare et joue sa pièce. Le théâtre est presque un personnage à lui tout seul : les acteurs ou la caméra toute seule se baladent dans ses couloirs à la recherche d'une nouvelle histoire, d'un nouvel échange, d'une nouvelle confrontation ...
J'aurais été bête de m'en passer. Lorsque l'Oscar du meilleur film 2017 sera révélé le 26 février, je me fais la promesse de le regarder, peu importe s'il ne m'attire pas de prime abord.
PS : Jack Galifianakis est impressionnant. J'ai failli ne pas le reconnaître avec tous ces kilos en moins et ce rôle de producteur cynique. Il prouve qu'il n'est pas seulement un bon acteur comique mais qu'il peut être aussi un acteur dramatique exceptionnel.