Iñárritu est venu sortir Michael Keaton de sa retraite anticipée pour un grand retour qui fait toujours son petit effet à Hollywood. La chauve-souris de Tim Burton était le choix rêvé pour incarner l'acteur derrière l'homme-oiseau, rôle qui colle à la peau de son interprète. Riggas Thomson alias Birdman veut reprendre un peu de hauteur à Broadway après sa gloire passée dans son costume de super-héros. Étude passionnante sur Hollywood, son star-system et ses acteurs, Birdman était un film d'acteur avec de grands acteurs qui avait tout pour séduire, avant que le réalisateur et sa mise en scène ampoulée ne vienne gâcher la fête.
Probablement effrayé que ses comédiens lui fassent de l'ombre, le réalisateur mexicain a voulu à tout prix imposer sa marque dans ce film. Quoi de mieux qu'un long plan-séquence, voire un ''plan-film'', pour impressionner son petit monde ? Il est certain qu'un grand talent est nécessaire pour mener à bien l'opération, mais lorsque la forme ne fait pas de réel écho au fond elle n'est qu'un gadget destiné à briller. Censé représenter la claustrophobie d'un acteur enfermé dans son passé, ce plan-séquence n'a pas la hauteur de ses ambitions et finit par tourner en rond. Prétentieux comme Steve McQueen l'année dernière, le cinéaste mexicain repart malgré tout avec sa statuette en main, laissant la réelle performance de Michael Keaton sur le carreau.
Libéré de la véritable patte de ses films -le scénariste Guillermo Arriaga- Alejandro Gonzales Iñarritu, à défaut d'avoir une réelle signature, cherche à montrer ce qu'il sait faire. Que ce soit dans un entremêlement narratif virtuose dans Amours Chiennes devenu franchement lassant dans Babel que dans la virtuosité affichée de Birdman. Cette mise en avant donne du plomb dans l'aile d'un film au potentiel énorme.