Qu'Inarritu est grand ! Après la prodigieuse triplette Amours Chiennes/21 Grammes/Babel ayant assis son talent et sa réputation, le mexicain nous avait sorti un opus mineur (Biutiful) peu enclin à faire décoller nos émotions comme ses prédécesseurs. Birdman rattrape le coup. Définitivement débarrassé des structures entremêlées, le cinéaste pose son regard non pas sur plusieurs personnages séparés mais bien sur un milieu, un microcosme, dans lequel évoluent diverses personnalités. En adoptant le plan séquence pour la quasi totalité de l'oeuvre et en basant son histoire sur un protagoniste (Mickael Keaton au sommet de sa gloire), Inarritu révolutionne son cinéma et lui donne un bon coup de fraîcheur bienvenue. De même, là où Biutiful s'enlisait dans sa propre morosité jusqu'à en devenir pesant, Birdman s’allège régulièrement par l'humour. Pas un humour premier degré mais un humour moqueur, noir, qui rend les personnages plus attachants car parfois grotesques. Ce qui colle particulièrement bien avec le cadre théâtral du film.
On ne tarira pas d'éloges sur le casting, d'une perfection rare, qui voit certainement Edward Norton et Emma Stone, à l'instar de Keaton, dans leur plus beau rôle.
Birdman c'est donc la promesse tenue d'Inarritu. Celle d'un cinéaste capable de se renouveler. Non pas que l'on demande cela à tous les réalisateurs, bien au contraire, mais il est admirable d'en voir certains oser et réussir dans un système allergique aux prises de risque. Coup de maître donc.