Birds of Prey est l’image de son personnage principal, Harley Quinn. Tant sur le fond que sur la forme. Tant dans ses défauts que dans ses qualités. Un pas en avant, un pas en arrière. Margot Robbie synthétise à elle seule la ligne directrice qu’essaye d’insuffler le film : une virée roublarde, pop et colorée dans un Gotham régi par la violence des hommes.


C’est sans complexe que Cathy Yan aménage ce récit d’émancipation qui fait suite à la rupture entre le Joker et Harley Quinn, et qui a comme objectif, notamment, de façonner Harley Quinn en tant que réelle antagoniste faisant naitre la peur autour d’elle et d’effacer l’image du simple side-kick amoureux et sous protection du Joker qu’on peut avoir d’elle, accentuant de ce fait, la double lecture féministe du récit, allant des simples personnages et leurs corps à la réappropriation du genre cinématographique en tant que tel dans un univers où l’homme est souvent lâche et enclin au féminicide. Certes, cette lecture, un peu facile mais existante, ne saurait gommer les défauts du film, visibles, mais y ajoute suffisamment de sel et d’arguments pour outrepasser ces derniers, tant Margot Robbie semble habitée, décomplexée et vivifiée par la folie douce de sa protagoniste.


Parfois en manque de justesse dans l’ampleur que peut dégager son scénario, un peu discrédité par la faible justesse de certaines interactions, balbutiant dans certaines scènes de combats qui auraient pu être mieux montées ou plus dynamiques, le film de Cathy Yan arrive tout de même souvent à trouver un nouveau souffle quand le rythme commence à descendre, grâce à son regard bienveillant, audacieux et pétillant sur ses personnages, ou grâce à sa faculté à créer un divertissement carré, énergique et qui avance avec panache à coups de battes de baseball. (excellente scène de baston dans le commissariat).


De manière évidente et habituelle, Birds of Prey ne déroge pas à la règle coutumière qui fait office dans de nombreux films de super héros actuels (Shazam!, Deadpool…) avec cet humour méta et faussement détaché qui fait plus office de running gag marketing que d’un véritable sens du comique (le coup du sandwich), mais c’est sans compter sur le travail de Cathy Yan et son équipe : le film montre toute sa personnalité par sa faculté à faire vivre tout ce petit monde et son soupçon de sororité, et lier son discours par le biais de son casting et de la mise en scène, aussi sobre que sexe, autour de ses personnages féminins (excellente Huntress). Faisant suite au raté Suicide Squad, Birds of Prey est surtout un film qui prend le pouls de ses personnages, avec cette envie de construire un groupe aux volontés différentes et notamment celles d’Harley Quinn, pour un résultat qui respire l’amusement, l’aliénation drolatique et un plaisir assez communicatif.


Certes, nous ne sommes pas dans l’antre fantasmagorique et phosphorescent d’un Batman sous la maestria foraine d’un Tim Burton, mais cependant l’aspect cartoon complètement assumé, les couleurs criardes et littéralement « flashy », certaines répliques qui font mouche tout en étant accompagnées d’une violence bienvenue, sans rentrer dans le gore potache, le cabotinage éhonté, viriliste et jouissif d’Ewan McGregor tiennent allègrement en haleine une oeuvre dont la véritable ambition est de surtout de voir Margot Robbie secouer le cocotier de cet univers masculin dormant sur ses deux oreilles.


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Velvetman
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le 26 févr. 2020

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