Un régal signé Shôgorô Nishimura !

J’ai longtemps associé Nishimura à l’emploi des cordes et autres tortures (qui ne sont point ma « cup of tea »), puis ai commencé à modifier mon jugement avec des films mineurs comme Afternoon Affair: Rear Window ou High School Teacher: Maturing et l’ai franchement apprécié avec Hoteru hime et ici nous sommes dans le même niveau de qualité. C’est vraiment un film excellent même si, moralement, on reste dans le dur du Roman Porno (l’homme attaque, la femme subit malgré une pirouette finale). Le mérite en revient à tous les intervenants.
Tout d’abord, le scénario resserré Susumu Saji qui loin d’être répétitif utile chaque scène « chaude » pour marquer une étape de l’évolution des deux sœurs via des cheminements différents et sur fond (léger) de lutte des classes (opposition employés-patrons, campagne rustre – ville raffinée). Les dialogues sont peu nombreux mais souvent un mot au milieu de râles révèle l’évolution du personnage.
Le réalisateur ensuite par ses cadrages, sa mise en scène, la lumière, le montage et même la bande-son a su mettre en valeur et son histoire et ses actrices. La scène du thé renversé, celle du premier « pompier » de Mioko et bien d’autres sont tout simplement remarquables. On peut se poser certes quelques questions : Pourquoi la maman part aussi souvent faire ses courses ? Pourquoi la cheffe Yukiko (Kazuyo Ezaki) porte un short sur ses collants en laine ?
Enfin et surtout, le mérite en revient aux actrices : déjà on dirait bien deux sœurs et leur jeu est superbe. Elles font passées leur connivence, leurs différences, la honte, l’ambigüe attirante de la chair et l’arrogance de la bourgeoise, la stupeur des sensations. Les deux sont parfaites : Yuki Kazamatsuri (Miyoko) japonaise honorable par respect des traditions et bien plus complexe et dense qu’une Naomi Tani dans ce type de rôle et Chie Yamaguchi (Masako) moderne par contraste mais qui finira le même parcours que sa sœur bien-aimée. Elles crèvent toutes les deux l’écran. Takashi Naitô en Kiyoshi, courageux étudiant issu de la campagne et brave employé à mi-temps est également fort bien ambigu, à la fois honnête et gentil, rustre, dominateur et révolté de classe. Kazuyo Ezaki est présente dans un second rôle qui offre un contrepoint à la chute finale pour une morale douteuse « Finalement, les femmes apprécient qu’on les force un peu ». C’est la limite du Roman Porno et de ce film que je qualiferai avec la mention « Pour de rire ».
Il mérite aussi une autre mention assez rare : « Attention : Torride ». Vous n’avez qu’à voir le film pour comprendre.

TeryA
8
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le 13 sept. 2023

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