Contient des spoilers
Le film avait tout pour me déplaire : le piercing sur les seins à l’aiguille n°8 filmé de gros plan (un peu plastique le sein) et le club privé de richards oisifs pour qui une femme ne vaut guère plus qu’une bonne bouteille de vin. Les scènes dans la cave, distribution de croquettes incluse, sont probablement les plus abjectes moralement…tout en étant remarquablement filmé. La qualité du scénario de Suzan Rî (un seul scénario ?) et de la réalisation de Shogoro Nishimura empêche de se débarrasser à la va-vite de ce film sur un déplaisant fantasme sado-masochiste. Nous sommes surtout devant un précis de manipulation à l’usage des pervers avec des étapes non graduelles pour créer l’attente, l’espoir, l’amour, le consentement, l’envie et le besoin. L’homme séduit avec des roses, puis au premier rendez-vous il la sodomise en la violant dans des WC publics. Puis, il revient avec ses roses et elle accepte un second rendez-vous pour des « relations sexuelles normales », comme si la première fois n’était qu’un « accident » mais à présent elle sait qu’il peut y avoir des « accidents » avec son amant. L’alternance de cadeaux, de sexe, de dépendances physiques après avoir été droguée , d’acceptation de petites perversions qui deviennent la normalité et consacre la soumission et la dépendance de la victime mérite qu’on s’y attarde.
Le jeu de Jun Izumi est ici remarquable et donne une vraie dimension au personnage. Les deux autres personnages féminins Usagi Asô (Noriko, la copine) et Nami Matsukawa (Ryoko, l’esclave précédente) n’ont qu’un rôle accessoire.
Même si les réponses aux trois questions du roman porno ne relèvent ici d’un pur fantasme sadique, force est de constater que Nishimura les exposent avec tout son talent de réalisateur.