On a déjà vu, chez Disney, de quoi un attelage composé de Jaume Collet-Serra et Dwayne Johnson était capable. Cela s'appelait Jungle Cruise, c'était en 2021, et ça craignait pas mal du boudin.
Cela signait même l'agonie du genre aventure sur grand écran, asphyxié par des blagues que même un gamin de cours préparatoire hésiterait à sortir.
Pas grave : le duo remet cela en 2022, l'association se mettant au service du genre super héros. Et cela s'appelle Black Adam... Poil aux dents ?
Ne pas reconnaître qu'il y a du mieux serait assez hypocrite : car niveau action, le personnage, vendu comme un anti-héros, envoie du lourd question puissance, renvoyant immédiatement à la force des gnons dans la gueule échangés entre le Général Zod et Superman dans Man of Steel. Et en plus, c'est plutôt consistant niveau maîtrise des effets spéciaux et beau à l'image, pour peu que vous ne soyez pas allergique au filtre jaune des fins d'après-midi au Moyen-Orient.
Et en plus, c'est fluide et nerveux : aucune sous-intrigue inutile, pas de blabla : des résultats, semble scander le film en plus d'une occasion.
Et puis, il y a la Justice Society, dont émergent les interprétations de Hawkman et du Docteur Fate, personnages hautement casse-gueule par leurs costumes improbables. Il faut avouer, ici, que la classe d'un Pierce Brosnan impassible fait tout et que son drame, même s'il n'est qu'esquissé, est fascinant.
Mais qu'est ce qui cloche finalement, dans Black Adam, pour que le masqué ne mette que 6 sur le site ?
Premièrement, si l'anti-héros n'ennuie jamais, son film ne fait que convoquer nombre de motifs archi rebattus du genre, ainsi que la formule Marvel dans la gestion de l'humour, parfois envahissant. Tant et si bien que Black Adam semble tiraillé deux heures durant entre deux courants : se montrer (trop) sérieux, voire dramatique, tout en lâchant de la blagounette cendrée pas toujours de bon aloi, voire problématique dans son message plus ou moins volontaire.
Voilà de quoi aseptiser ce nouveau héros, qui reproduit, dans sa dynamique avec l'éternel gamin qu'il faut protéger, ce que James Cameron avait réussi avec Terminator 2 : Le Jugement Dernier. Sauf que Collet-Serra ne sera jamais Cameron et que la maladresse l'emporte plus d'une fois.
Pareil avec certains plans, parfois au ralenti, parfois hors sujet façon western, ou qui saisissent certaines expressions de The Rock assez embarrassantes, rappelant les limites de son jeu d'acteur qui ne semble pas avoir évolué depuis Le Roi Scorpion. Dommage pour quelqu'un qui se moque de Baboulinet en promo...
Mais ce qui plombe peut être le plus Black Adam, c'est son absence totale de surprise, avec son personnage qui a le mot "traitre" écrit en capitales sur son front, ou encore son méchant en carton, catcheur amateur tout droit sorti des enfers, au propre comme au figuré.
Et puis, il y a toujours cette volonté de se détacher du DCEU, et puis non, signant quand même une sacré schizophrénie chez DC, qui s'inscrit toujours du côté de Zack Snyder niveau mise en scène, ou faisant réapparaître dans une scène post générique un personnage qui ne faisait plus partie des plans... Tout en capitalisant sur des succès gothamiens en forme de loner qui ne le seront sans doute plus longtemps.
Black Adam demeure la plus belle illustration de cette absence de boussole : de l'efficace sous influence, distrayant et hautement bourrin, mais d'un générique sans identité propre ni direction affirmée.
Pas sûr que The Rock ait la capacité d'être comics et de sauver Warner à lui seul dans ces conditions.
Behind_the_Mask, anti-héros, mais pas trop, et puis si quand même.