Le DCU est de retour. Pendant plus d'un an, l'univers cinématographique de DC était au point mort. La sortie de Black Adam fait ainsi office de messie, et doit relancer à lui seul la machine. Dans une période où le MCU bat de l'aile, c'est le moment parfait pour la distinguée concurrence de frapper un grand coup. A-t-elle réussit à en profiter ?
Symbole d'espoir, Black Adam n'est finalement pas si différent de ce que nous avons déjà pu voir dans le genre super-héroique. Il possède toutes les tares des productions récentes avec un scénario tenant sur un post it qui se base sur des ressors vus et revus fatigants à voir. Pour ne rien arranger, certains acteurs n'y mettent pas du leur en proposant un jeu exécrable comme s'ils ne croyaient pas au projet. Il est clair que nous sommes bien loin des projets sombres des débuts du DCU, et nous avons la triste confirmation que Marvel a marqué de manière indélébile ceux-ci. Nous retrouvons ainsi des soucis inhérents à cette boite de production avec un manque flagrant de tension. Ceci est dû aux blagues qui désamorcent chaque séquence dramatique. Pour n'en citer qu'une, l’enlèvement d'Amon est dépourvu de tout enjeux car nous savons pertinemment qu'à à aucun moment il ne mourra. C'est un problème car sans implication, le spectateur ne regarde pas le métrage mais le consomme bêtement. Néanmoins, la violence de Black Adam le ressort de sa léthargie. Bien que nous le faisons quelques fois passer pour un nigaud musclé, fort est de constater qu'il est froid et sans aucune peine quand il se bat. Il faut avouer qu'il est jouissif de voir un « héros » être aussi violent. Dans un sens plus large, les combats sont vraiment plaisants à voir. Ils sont parfois agrémentés de ralentis qui, bien qu'ils soient moins impactant que d'autres du genre, ajoutent un sentiment de puissance non négligeable. Dans l'ensemble, nous aurions pu avoir mieux comme nous aurions pu avoir pire.
Le pire se situe dans la réalisation hors des combats. Celle-ci est basique et mal montée. L'état quasiment catastrophique de la réalisation est à l'image de l'état du scénario. Au vu du vide qui nous est raconté, nous aurions préféré n'avoir que de la bagarre pendant deux heures. Le métrage tente de créer de l'empathie pour les personnages mais ça ne marche pas. En 2022 il est vraiment difficile de suivre le DCU avec l'arrivée de nouveaux personnages qui sortent de nulle part à chaque films et qui n'ont aucuns liens avec les précédents. C'est d'autant plus compliqué de créer des séquences émotionnelles avec eux. En laissant de côté les émotions, le métrage essaye de nous tenir en haleine via d'importantes révélations. Ces plots twists sont malheureusement tous prévisibles, le plus gros se remarquant dans les premières minutes à cause d'un soucis d'éclairage. Nous voyions bien que Black Adam souhaite proposer un film qui se tient mais il n'y arrive pas. Il se repose sur un modèle connu qui ne se renouvelle pas. Pour souligner ce propos, nous avons dans le métrage la tournure narrative classique du héros écarté pendant un temps qui revient battre le gros méchant final aux allures de boss de Diablo avant que tout finisse bien. Une certaine lassitude commence à se faire sentir vis-à-vis de cette construction. C'est d'autant plus dommage car le personnage de Black Adam aurait mérité un autre traitement.
Le plus dommageable dans tout ça est que les thèmes évoqués dans le métrage ne sont pas si mauvais que ça. Y sont abordés la liberté, la relation père-fils via Black Adam et Amon, et surtout la figure du héros. Le film nous pose plusieurs questions en rapport à celle-ci : Qu'est-ce qu'un héros ? Un héros peut-il être considéré comme tel même lorsqu'il tue des méchants ? Le héros a-t-il le droit de vie et de mort sur ceux qu'il affronte ? Toutes ces réflexions se reflètent dans le rapport entre la JSA et Black Adam. Ce dernier, malgré ses actions, est considéré comme un héros pour son peuple mais pas pour les héros plus conventionnels. Cependant, la réflexion la plus intéressante est celle concernant Kahndaq. C'est un pays n'ayant jamais reçu l'aide de quelconque héros malgré toutes les peines qu'il a vécu. Par ce pays imaginaire, nous pensons évidemment à toutes ces contrées du Moyen-Orient laissés à l'abandon par l'occident. Ces thèmes forts n'ont malencontreusement peu d'importances et auraient mérités faire partie d'une autre production.
Black Adam est un spectacle plaisant à voir qui diffère de ce que nous avons l'habitude de voir par la violence de son protagoniste. Toutefois, nous sommes certains que sous la coupe d'un autre réalisateur, ou réalisé 10 ans plus tôt, le métrage aurait pu être plus profond qu'il ne l'est en utilisant entre autre le potentiel maximum de son personnage. Finalement, l'unique source d'espoir proposé avec ce Black Adam provient de son post générique, un espoir qui, espérons le, nous ne décevra pas.