Scream est un film méta. Conscient du genre où il baigne, il ose en pointer ses tares et joue avec brio de ses archétypes. Nous parlons ici évidemment de celui de 1997, car le « requel » de 2022 reprend tout ces préceptes sans les comprendre.
Scream se veut être un long métrage très méta, voire trop méta. La fine ligne qui avait été instauré dans les précédents opus entre la saga Stab et la saga Scream s'est largement amoindri avec ce cinquième volet, pour ne pas dire qu'elle est dorénavant inexistante. Toutes les références aux anciens Stab sont destinés aux Scream. Cette mise en abyme de la saga créée par Wes Craven sera à son paroxysme lors d'une séquence entièrement calqué sur le premier, Mindy regardant à la télé cette fois-ci non pas Halloween mais Stab. L'amour de l’œuvre du réalisateur des Griffes de la Nuit est palpable tout le long du visionnage. Néanmoins, la version de 2022 n'arrive à se détacher de celle de 1997 comme enfermé dans une relation toxique. Il essayera malgré tout de s'y dégager furtivement en proposant une satyre du cinéma d'horreur actuel, par le biais des tueurs, personnifications mortifères des répercussions des productions horrifiques à but simplement lucrative et dénigrantes sur/pour les fans.
Œuvre auto-parodique et dénonciatrice, Scream se noie pourtant dans l'hypocrisie de ses propos. Il est ce qu'il répudie. Tout comme son illustre prédécesseur, il pointe du doigt les règles du cinéma d'épouvante, mais au lieu de retirer ce doigt, il y jette son corps. Le métrage va suivre à la lettre le discours acerbe de Mindy sur les suites lucratives de film d'horreur, celui-ci étant conscient de sa propre bêtise.
Briser le quatrième mur est une action désespérée de la production de dissimuler un scénario scabreux. Le retour des anciens protagonistes était prévisible pour apporter une sorte de continuité à la saga. Ce retour va tourner à l'hilarité à l'apparition fantomatique de Billy Loomis, un des deux tueurs du premier film interprété par Skeet Ulrich, qui sera présent pour créer un lien direct avec le premier volet. En effet, Billy Loomis est le père de l’héroïne. Sa présence, d'autant plus en tant que fantôme, est le symptôme d'une auto-parodie ratée à l'histoire abracadabrantesque et sans idée.
Si l'aspect méta tentait de cacher l'intrigue, elle ne se gène aucunement à rendre stérile l'angoisse. Car si envie de provoquer de la peur il y a eu, alors ce n'a absolument pas portée ses fruits. Les séquences de tensions sont interminables. Les gimmicks visuels et sonores sont réutilisés à outrances sans qu'elles ne mènent à rien. Tel l'enfant qui appelait au loup, à la centième itération d'un modus operandi vu et revus, le spectateur se lasse jusqu'à être insensible à des jumpscare prévisibles, par ailleurs seul moyen utilisé par le métrage pour produire de la frayeur. Le plaisir, le spectateur le cherchera alors dans les meurtres. Ceux-ci sont malencontreusement inégaux et illogiques. Ghostface tue à son bon vouloir tantôt rapidement en à peine un coup, tantôt avec violence. Cependant, dans le dernier cas les victimes survivent. La capacité de résistance du corps humains peut certainement être surprenante, pourtant survivre à une dizaine de coup de couteau semble hors du commun.
L'élément le plus terrible qui pourrait advenir à une production cinématographique serait de ne pas croire ce qu'elle propose. Scream en souffre cruellement. Il est incroyablement compliqué de croire à ce Woodsboro. Si le dernier Halloween avait réussit à offrir une vision réaliste avec une population qui se rebelle, dans Scream la ville est vide. L’hôpital où séjourne Tarah est inhabitée, seule une personne y sera assassiné. Dans la rue il n'y a personne, laissant Ghostface agir comme bon lui semble. Cet immense vide soulignera un tournage fait en studio dont le dernier travelling sur la maison en est le triste témoin.
Le message que souhaitait transmettre ce cinquième opus était que par habitude les suites de films d'horreur se moquaient des spectateurs et que celle-ci répondait à cette « injustice ». Scream oublie néanmoins que c'est justement en produisant des suites de la sorte qu'ils trompent les fans.