Ceux qui prétendent que Black Book est un Verhoeven mineur ou décevant ne sont que des ânes qui auraient sans doute aimé un peu plus de sexe, un peu plus de gore et pourquoi pas une touche de fantastique et davantage de monstres, tant qu'on y est !
Mais des monstres il y en a dans Black Book, le problème est qu'à un certain point on ne sait plus très bien de quel coté ils sont, comme c'était déjà le cas dans Starship troopers et dans la plupart des Verhoeven...
Derrière l'apparent classicisme de la mise en scène (brillante, au demeurant !) se cache en effet un des films les plus ambigus et subversifs du maitre hollandais qui - s'il nous mâche sans doute le travail du point de vue du "filmage" et du récit - semble toujours vouloir nous balader dans des territoire marécageux dans lesquels on aurait jamais pensé se retrouver dans un tel film.
Qui sont les monstres ?
Les vilains nazis qui s'avèrent parfois être plus humains qu'on ne l'aurait pensé ?
Les gentils résistants qui savent se révéler plus monstrueux qu'on aurait pu le supposer ?
Le brave peuple hollandais opprimé qui devient l'oppresseur dès que le pouvoir revient entre ses mains ?
Ou l'héroïne elle même dont on suit, à chaque minute, avec angoisse, les mésaventures mais qu'on a, de temps en temps, du mal à suivre tant elle s'enfonce, elle même, dans une dérangeante ambiguïté ?
En tous cas Verhoeven offre au spectateur un suspense haletant pour un film passionnant à chaque minute et porté de bout en bout par une comédienne extraordinaire dont j'essayerais de ne pas oublier le nom, si délicieux, Carice Van Houten !