Décidément, plus je donne mes chances aux dernières productions du catalogue Netflix (histoire de rentabiliser mon abonnement aussi hein), et plus ces dites productions me poussent gentiment vers le désabonnement pur et simple.
Nouvel exemple avec cette fois, "BLACK CRAB". Un film d'action dystopique suédois avec Noomi RAPACE (que j'avais adoré devant l'étrange et étonnant LAMB, que je recommande !).
Le problème avec les productions Netflix, c'est qu'elles finissent toutes par se ressembler et s'oublier, et "BLACK CRAB" ne déroge clairement pas à la règle tant tout semble convenu à un point désespérant !
Pourtant j'étais plutôt client au début, une dystopie un peu à la THE DIVISION, mais aussi la promesse de voir une guerre vue sous un angle inédit : D'un point de vue scandinave en premier lieu, en jouant sur leur géographie ainsi que leur nature hostile pour amener un peu de fraîcheur dans un catalogue SVOD toujours plus convenu et terne.
Ainsi, la proposition de raconter un film de guerre sur une banquise a quelque chose d'intrigant avec un certain potentiel cinématographique ! Mais bon, vous allez vite vous en douter vu ma note sévère, mais le film prend d'avantage l'eau que... la glace (ARF ! Vous l'avez ??)
Première chose qui m'a particulièrement dérangé : L'exposition est franchement catastrophique. J'ai rarement vu une situation, des enjeux et des personnages aussi maladroitement exposés. Ca présente d'abord Noomi RAPACE et sa fille aux prises avec un mystérieux commando en plein tunnel sans la moindre explication puis, ellipse ! On se retrouve dans un train avec RAPACE maniant les armes farpaitement bieng dans un pays ravagé par la guerre.
Et là vient déjà mon premier énorme problème que le film trimbalera comme un gros boulet pendant quasiment deux heures : On ne sait rien du conflit ! On ne connait pas l'envahisseur. Ni sa nationalité, ni la raison pour laquelle ils attaquent, à un point où l'ennemi sera à peine visible et nommé par les personnages comme étant... "l'ennemi" ! C'est parfaitement ridicule ! Imaginez les résistants de 1940 n'osant pas appeler l'envahisseur nazi par son nom pour être seulement appelé "l'ennemi" ! Idem pour les conflits derniers, qu'ils aient eu lieu en Syrie ou en Ukraine !
Ce problème que je pointe semble parfaitement anecdotique, et pourtant non. Car cela vient avant tout de la volonté de Netflix de ne rien politiser afin qu'ils ne vivent pas un "bad buzz" comme ils l'ont subi à de nombreuses reprises.
Mais cette volonté empêche juste d'ancrer son récit dans une unchronie et réduit ainsi toute identification aux personnages autant que les enjeux auxquels ils font face. Pire même, sans discours politique, le film ne montre plus les crocs, il n'est plus ce caillou dans la chaussure qui aurait pu amener subtilement le spectateur sur une certaine réflexion quant à nos relations entre pays voisins par exemple. C'est juste l'encéphalogramme plat du Cinéma !
Mais s'il n'y avait que ça ! Car au fur et à mesure de la progression du film, de plus en plus de défauts, tous plus gênants les uns que les autres viennent me sauter à la tronche.
Mentionnons d'abord rapidement les personnages secondaires, tous très mal dégrossis, caractérisés à la truelle, les rendant particulièrement incohérents face à certaines situations (un soldat ayant connu la guerre va soudainement s'indigner que, dans une guerre, les gens meurent dans l'indifférence, vous voyez le genre ?), et vont chacun leur tour disparaitre dans une indifférence franchement gênante, à un point où on a carrément l'impression que le réalisateur ne savait pas quoi faire d'eux !
Ensuite, le récit est très très mal structuré. Abusant de flashbacks censés "expliquer" certaines questions que l'on se pose depuis le début (mais n'expliquent finalement rien de ce que l'on sait déjà), il ne va même pas chercher à aller à l'essentiel en nous proposant de nombreuses péripéties et autres escarmouches (en terme d'escarmouche, j'en ai compté une grosse, mais ça se gunfight vraiment pas beaucoup quoi), ni chercher à aborder un angle un peu original (genre, ancrer la dystopie dans son récit par exemple ?), c'est même pire que ça ! Le film va... tout simplement nous sortir les MÊMES passages obligés de tout film de guerre anti-belliciste ! Le réalisateur Adam BERG va donc nous assommer de séquences déjà vu 13.000 fois où les soldats racontent les choses horribles qu'ils ont vu à la guerre avec cette même morale incroyablement bête où "les deux camps sont finalement aussi méchants l'un que l'autre".
Enfin, la mise en scène embrumée, et particulièrement le découpage dyslexique achève de rendre "BLACK CRAB" aussi générique que n'importe quel DTV sorti ces 15 dernières années (et qui sont tous dispo sur Netflisque). C'est même assez embarrassant quand on cerne l'amateurisme de certaines séquences, notamment quand Noomi RAPACE parvient à éliminer un ennemi SANS AUCUNE DISCRETION alors que deux figurants se promènent en arrière plan dans le cadre précédent ! On est à un tel niveau d'incompétence qu'un conflit entre deux personnages sera résolu... par un élément qui n'a rien à voir avec le conflit (mais vu que ça met un terme au conflit, j'imagine que c'est comme ça que ça marche ?)
Bref, j'ai déjà perdu bien assez de temps à vous parler de ce navet. Alors ouais, ça se regarde sans trop forcer, et encore heureux ! Mais c'est tellement balisé sur des rails énormes à un point où il ne peut pas en dévier que le film parait être une belle perte de temps. Que ça se fighte en patinant sur la banquise ou non, le résultat est tout simplement lénifiant !
Et pour moi, il n'y a rien de pire pour un film qu'il se fasse oublié dès le jour suivant.