[Vu en streaming en VF, qui est une véritable catastrophe: les voix sont sans relief dans les scènes calmes ou lors de l'épilogue, on croirait du théâtre mal joué.]
Certains parlent d'un films de chevalerie, pourtant à part une évocation de la bataille de Crécy, tombeau de la chevalerie française, on voit plutôt une bande de reitres sous la conduite d'Ulric, soit disant mandaté par un évêque pour appréhender nécromancien ou sorcière dans un village isolé. Ils ne savent pas où il se trouve exactement, d'où un arrêt à l'abbaye du coin pour prendre un novice pas très catholique pour guide.
L'histoire est très linéaire, sans véritable surprise, notamment pas celle du piège tendu dans le village. C'est un peu mieux à la fin, quand l'on découvre une double manipulation (des villageois et du novice). Mais même si le film est d'une durée décente, on trouve le temps long jusqu'à ce rebondissement final.
Quelques scènes un peu marquantes (les signes de croix des moines devant le cadavre de l'un des leurs, les pénitents qui se flagellent en suivant la rivière) ou évocatrices (Le 7e sceau pour un dixième de seconde), mais pour le reste la mise en scène est plate et les décors limités. Pour les deux scènes de combat, on saisit mal qui tue et qui est tué. La traversée du marécage est franchement ridicule, tout le monde marche comme sur un gué avec un sol bien ferme... On est bien loin du cœur des ténèbres! Quant au village, bien paisible et tout propret, avec ses habitants vêtus de lin clair, et aux visages bien blancs, il sonne vraiment faux, on se croirait presque dans une vieille série de SF style Cosmos 1999 (plus que dans The Wicker Man)... un comble!
Les acteurs jouent dans l'ensemble assez mal, à part le jeune novice Osmond. La bande de l'évêque se compose de trognes bien sales, mais leur chef Ulric n'incarne pas vraiment le glaive de l’Église, fanatique illuminé, plutôt un mercenaire banal. Cela fait sonner faux leur refus de renier leur foi chrétienne dans leur cage aquatique. C'est vrai qu'on pense un peu à Aguirre à quelques moments, mais plus pour le côté dépenaillé et crasseux de la troupe que pour la folie qui s'empare de son chef. Quant à la sorcière Langiva, elle prend des poses, mais ne joue guère.
Enfin, le manque de moyen saute aux yeux, et la scène finale entre Osmond et Langiva dans le marécage fait vraiment pitié.
En dépit de ces défauts et de l'ennui qui point, c'est finalement l’ambiguïté du film à propos de la religion qui en fait le réel intérêt: le malheureux peuple, déjà décimé par la peste, est pris en tenaille (pouf, pouf) entre la répression aveugle par la main armée de l’Église, la superstition en son sein qui fait cherche un (ou plus souvent une) coupable à tout prix, et la manipulation par ceux qui trouvent dans le refus du religieux un moyen de domination.
Bienvenue au Moyen-Âge par temps de peste!