Un film assez audacieux pour l'époque même si le résultat a quand même pris un sérieux coup de vieux il faut dire avec ses bons sentiments dégoulinants et l’interprétation assez forcée des 2 acteurs principaux dans le registre des bons bougres pas toujours futés mais gentils et plein de bonne volonté.
Mais il faut reconnaître que réaliser un film avec pour héros un indien et un chinois en 1947 devait demander un sacré courage d'autant que le scénario ne fait pas l'impasse sur le comportement raciste de certains blancs, rapidement nuancé tout de même par des personnages plus compréhensifs et progressistes. De manières générale, le film fait quand même l'éloge des Etats-unis, un pays où tout le monde a sa chance et a droit à la réussite et la richesse.
L'approche de Karlson n'est pas si éloigné de certains titres de la tradition Americana avec une certaine candeur qu'on peut trouver désormais touchante ou agaçante... et un peu des deux à la fois.
Pour ma part, je n'ai pas trouvé ça désagréable même si l'oeuvre manque de concision et aurait mérité d'être condensé pour éviter certaine redites. En étant d'humeur indulgente, on peut aussi se laisser porter par cette naïveté et l'implication de Karslon qui tenait beaucoup à cette histoire au point de la tourner sur une année pour mieux profiter des changements de couleurs au fil des saisons. Malheureusement, la cinémathèque n'a pu dégoter qu'une copie 16mm en noir et blanc. :(
Un extrait en couleur que j'ai vu sur youtube montre que la photo avait l'air soigné. Mais même dans ces conditions de visionnage rudimentaires, on perçoit bien la passion du cinéaste pour ces personnages surtout Katherine DeMille qui compose un joli portrait féminin, souvent impassible mais qui cachent une palette de sentiments très vastes. Et puis Karlson donne plusieurs très belles scènes à Quinn notamment vers la fin qui déploie un réel lyrisme avec une caméra tout en délicatesse.
Désuet, imparfait, et au delà des bonnes intentions louables, un titre positif, chaleureux et attachant.